"Operation Warp Speed", c’est le nom d’un vaste programme mis en place par l’administration Trump pour acheminer et administrer le vaccin contre le Covid-19 à travers les États-Unis. Largement vanté pendant la campagne, et officiellement déployé en décembre, il devait permettre de vacciner 20 millions de personnes avant le 1er janvier. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. À cette même date, à peine 25 % de l’objectif était atteint. Que s’est-il passé ? Comment l’opération a-t-elle été victime de sa politisation ? Reportage de Matthieu Mabin et Fanny Allard.
Le 12 décembre dernier, après plus de huit mois de pandémie, les autorités sanitaires américaines de la Food and Drug Administration (FDA) donnaient leur feu vert au vaccin de Pfizer-BioNTech contre le Covid-19, bientôt suivi de celui des laboratoires Moderna.
Un soulagement pour les Américains, une victoire pour Donald Trump. Très critiqué pour sa gestion du coronavirus, le 45e président des États-Unis avait en effet promis, dès le mois de mai dernier, qu'un vaccin serait au point avant la fin de l'année 2020, et annoncé la création d'une vaste opération baptisée "Warp Speed" ("la vitesse de l'éclair", en référence à la série TV Star Trek).
Défi logistique immense
"Operation Warp Speed" vise à coordonner l’acheminement des vaccins partout dans le pays. Un défi logistique immense, requérant la participation des laboratoires, de l’armée et des entreprises postales publiques et privées. Dix milliards de dollars ont été consacrés à l’opération, une part significative de cette enveloppe revenant au célèbre transporteur postal, Federal Express.
Lors de la campagne présidentielle, espérant faire oublier son scepticisme initial face au virus et l’inaction de la Maison Blanche, Donald Trump avait fait de "Warp Speed" l’un des piliers de sa communication, répétant à l’envi que les vaccins transformeraient la pandémie en mauvais souvenir, à peine deux ou trois mois après le démarrage de la campagne de vaccination.
Seulement voilà, plus d’un mois après le déclenchement de l’opération, et malgré la mobilisation des géants de la logistique, les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Un enjeu politique
Tandis que l’administration Trump avait promis 20 millions de vaccinés avant le 1er janvier, à peine 25 % de l’objectif était atteint à date. Désormais, l’Amérique ne s’attend plus à vaincre le virus avant l’été 2021... au plus tôt.
En attendant, les États-Unis restent le pays le touché au monde par le Covid-19, avec plus de 23 millions de cas et près de 390 000 morts à ce jour.
Conseiller scientifique de l'opération "Warp Speed", l'épidémiologiste d'origine marocaine Moncef Slaoui dénonce une bataille politique sur fond de pandémie et se dit "très inquiet de la politisation" de la découverte des vaccins, qui nuit au travail des chercheurs et des scientifiques. "Cela crée une tension et une perte de confiance de la population", estime le chercheur.