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RDC : un ex-chef rebelle arrêté à Paris, "un pas important" contre l'impunité selon Denis Mukwege

Roger Lumbala, ancien chef d'un groupe rebelle de République démocratique du Congo, accusé de "complicités de crimes contre l'humanité" commis en 2002, a été mis en examen et incarcéré samedi à Paris. Le prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege a salué mardi cette interpellation.

L'arrestation a été saluée mardi 5 janvier par le prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege. Un ex-chef rebelle congolais, Roger Lumbala, a été mis en examen et incarcéré samedi en France pour "complicités de crimes contre l'humanité" commis en 2002 en République démocratique du Congo.

"L'arrestation et la mise en examen de Roger Lumbala à Paris est un pas important pour la justice internationale et la lutte contre l'impunité dont de nombreux auteurs présumés congolais et étrangers continuent de bénéficier", a écrit dans un communiqué le célèbre gynécologue.

Roger Lumbala a été mis en examen samedi dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en décembre 2016 par le pôle Crimes contre l'humanité du parquet de Paris.

"Compétence universelle" de la justice française

Âgé de 62 ans, Roger Lumbala, ancien député d'opposition, dirigeait à l'époque le Rassemblement congolais pour la démocratie-National (RCD-N). Ce groupe armé, fondé en 1998, a été accusé dans plusieurs rapports des Nations unies de viols, d'exécutions sommaires, d'enlèvements, de mutilations et de cannibalisme dans l'Ituri (nord-est), principalement contre les ethnies nande et twa (Pygmées).

Ex-ministre dans le gouvernement de transition de la République démocratique du Congo en 2004-2005, Roger Lumbala avait réfuté ces accusations dès un premier rapport de l'ONU en 2003.

En vertu d'une "compétence universelle" pour les crimes les plus graves, la justice française a la possibilité de poursuivre et de condamner les auteurs et les complices de ces crimes lorsqu'ils se trouvent sur le territoire français.

Combattre l'impunité

"L'impunité constitue l'une des causes principales de la perpétuation des massacres sur le territoire congolais", a estimé le prix Nobel congolais.

Il a appelé d'autres États européens à diligenter des procédures similaires sur base de la compétence universelle "pour des faits documentés dans le rapport mapping" de l'ONU.

Ce rapport choc, rendu public en 2010, documentait plus de 600 violations des droits humains (viols systématiques, tueries...), surtout pendant les deux guerres du Congo (1996-98 et 1998-2003). Plus grand pays d'Afrique subsaharienne (2,3 millions de km2), la République démocratique du Congo a frôlé l'éclatement au cours de ces deux guerres impliquant de nombreuses milices et les armées de plusieurs pays de la région.

Pour les dix ans de ce rapport, en octobre, le Dr Denis Mukwege, surnommé "l'homme qui répare les femmes", avait dénoncé "l'impunité" et l'absence de prise en compte des recommandations qu'il contenait.

Le pays est toujours en proie à des violences dans sa partie est, surtout dans les régions du Kivu et de l'Ituri. Dans la nuit de lundi à mardi, au moins 21 civils ont été tués dans une attaque des combattants du groupe armé des Forces démocratiques alliées, d'anciens rebelles musulmans ougandais ayant fait souche en République démocratique du Congo.

Avec AFP