
Deux militaires français ont été tués, samedi, lors d'une opération dans la région de Ménaka au Mali, a annoncé la présidence de la République. Il s'agit de la deuxième attaque mortelle contre des soldats français au Mali revendiquée par la branche d'Al-Qaïda au Sahel en quelques jours.
Le début de l'année 2021 était censé témoigner des progrès de l'opération Barkhane, un an après le renforcement des effectifs militaires français au Sahel. La perspective d'une réduction prochaine des effectifs a, au contraire, galvanisé la volonté des groupes jihadistes à frapper les troupes françaises.
Le président Emmanuel Macron a "appris avec une grande tristesse" la mort dans la région de Ménaka (nord-est) du sergent Yvonne Huynh et du brigadier Loïc Risser, tous deux issus du 2e régiment de hussards de Haguenau, près de Strasbourg (est), a annoncé la présidence française dans un communiqué.
L'attaque a été revendiquée dimanche 3 janvier par la branche d'Al-Qaïda au Sahel, selon une source jointe par Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes à France 24.
#Mali de source propre :
« #JNIM #AQMI revendique l’IED de #Tabangoute #Menaka, le véhicule français [#Barkhane] a été pulvérisé par l’explosion »
Le 2e régiment de hussards est spécialisé dans l'infiltration par véhicules, l'observation à longue distance et le renseignement humain.
Profonde tristesse à l’annonce des décès au combat du SGT Yvonne HUYNH et du BRI Loïc RISSER dans le cadre de l’opération #Barkhane. Pensées émues de toute l’@armeedeterre pour leurs familles, leurs proches ainsi que pour leur camarade blessé.#FiersDeNosSoldats ???????? pic.twitter.com/PQclXF6Erf
— Chef d'état-major de l'armée de Terre (@CEMAT_FR) January 2, 2021Le communiqué de l'Élysée précise qu'un troisième soldat a également été blessé, mais que ses jours ne sont pas en danger.
Il s'agit de la deuxième attaque mortelle contre les troupes françaises au Mali en moins d'une semaine. Lundi dernier, trois soldats français avaient été tués lors d'une attaque revendiquée par la branche d'Al-Qaïda au Sahel.
L’IED d’#Hombori et aujourd’hui ~11h l’IED à 2km de #Ménaka non loin de la base #Barkhane commune avec MINUSMA & FAMa dans laquelle la force #Takuba devait prendre quartier, #JNIM #AQMI démontre une capacité tactique & un calcul politique non négligeables https://t.co/SnL3k7TVHL
— Wassim Nasr (@SimNasr) January 2, 2021Ces deux décès portent à 50 le nombre de soldats français tués au Sahel depuis 2013 dans les opérations antijihadistes Serval, puis Barkhane, a précisé l'état-major des armées.
Emmanuel Macron a réaffirmé "la détermination de la France dans son combat contre le terrorisme" : "La motivation, la pugnacité et l'abnégation des militaires français demeurent intactes face aux groupes terroristes, filières de Daech (acronyme arabe du groupe État islamique, NDLR) et d'Al-Qaïda, qui sèment terreur et chaos au Mali et au Sahel", a déclaré samedi la ministre des Armées Florence Parly dans un communiqué.
La France en réflexion sur son engagement au Sahel
Ces attaques mortelles surviennent, alors que la France envisage une réduction des effectifs de la force Barkhane et se dit ouverte à des négociations avec des groupes sahéliens, à l'exception des directions d'Al-Qaïda et du groupe État islamique.
La force Barkhane, qui s'étend sur cinq pays du Sahel, a été étoffée de 600 soldats, ce qui a porté son effectif total à 5 100 en 2020. Elle a revendiqué la "neutralisation" de dizaines de jihadistes ces dernières semaines, aux côtés de la force du G5 Sahel.
Face à la persistance des violences jihadistes, doublées de conflits intercommunautaires, les autorités de transition au Mali n'excluent pas d'engager des négociations avec des groupes armés, tout comme auparavant le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un putsch en août.

Le GSIM, principale alliance jihadiste du Sahel, a appelé dans un communiqué revendiquant l'attaque de lundi au retrait de la force Barkhane du Sahel.
Dans ce communiqué, authentifié par le centre américain de surveillance des sites jihadistes SITE, il a aussi évoqué les caricatures de Mahomet et la défense prise par le président Macron de leur publication au nom de la liberté d'expression, ainsi que la politique du gouvernement français vis-à-vis des musulmans de France.
La France exclut toute discussion avec l'état-major du GSIM qui "répond à la hiérarchie centrale d'Al-Qaïda", relevait le 21 décembre une source à la présidence française.
Elle se montre en revanche plus ouverte, s'agissant d'éléments du GSIM qui "ont un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional", ajoutait cette source.
Avec AFP