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Brexit, entre idéaux et réalité contrastée

Avec la concrétisation du Brexit, la presse britannique revient longuement sur cette nouvelle ère qui attend le Royaume-Uni avec des avis plutôt tranchés.

"Our future, our Britain, our destiny" titre en Une le Daily Express avec une photo du drapeau britannique, floqué du mot "Freedom" (liberté en français). Pour le quotidien pro-conservateur, cette nouvelle année marque "le 1er jour d’indépendance du Royaume-Uni". Pour dire cela, le journal s’appuie sur sur les vœux à la Nation prononcés, hier, par le Premier ministre. Dans son allocution, Boris Johnson a promis monts et merveilles avec notamment la transformation du Royaume-Uni en champion des énergies renouvelables ou en "superpuissance" de la recherche scientifique. Un "avenir incroyable" comme le rappelle le quotidien, The Times.

De son côté, The Guardian ne fanfaronne pas et s'interroge sur ce qui attend le Royaume-Uni dans un proche futur. Pour le quotidien de gauche, le Brexit reste une "erreur tragique". "Qu'est-ce qui a bien pu pousser le pays à quitter l’Union européenne?" s'interroge le journal. Poussée des extrêmes, clivage politique, rôle prépondérant des médias, tout le monde en prend pour son grade. Désormais, c'est la réalité du Brexit à laquelle sont confrontés les Britanniques. 

The Guardian s'inquiète de la situation à venir dans le Kent. Du côté de Douvres, principal port d'entrée des importations britanniques en provenance du continent, les routes sont vides en ce premier jour de l'an. Mais ce calme pourrait annoncer la "tempête à venir" dès la mi-janvier avec son flot de camions bloqués à la frontière comme il y a quinze jours. « On ne nous a pas dit comment faire », témoigne un habitant. Même constat du côté de Dublin où quelques heures avant le rétablissement de la frontière, le journaliste irlandais de The Irish Times décrivait une atmosphère fantomatique dans un port où "tout est bruyant d’ordinaire". "Là aussi", dit le reporter, "il y a un sentiment de calme avant la tempête".

Dans cette atmosphère bien particulière, l'Ecosse espère tirer son épingle du jeu. Edimbourg veut profiter du Brexit pour remettre sur la table un nouveau référendum sur son indépendance après celui de 2014. Le pays avait voté majoritairement contre le Brexit en 2016 et n’a pas été associé aux négociations post-Brexit avec Bruxelles. Suite à ces déconvenues, The National, journal indépendantiste écossais titre en Une, "On se reverra bientôt". La prochaine saison du Brexit s’annonce passionnante.

La presse française traite aussi du départ du Royaume-Uni à l'image de Libération qui titre "The End". "C'est la fin de 4 ans et demi d'un feuilleton improbable", peut-on lire dans l'éditorial. L’occasion pour le quotidien de revenir en détails sur ce qui change à partir d’aujourd’hui. Fin de la libre circulation, fin du programme Erasmus pour les étudiants ou encore changement de statut pour les résidents européens, notamment pour plusieurs milliers de français. 

D'autres ne veulent pas rompre définitivement avec l'Europe. C'est le cas de Stanley Johnson, le père de Boris Johnson. Dans une interview à nos confrères de RTL, il a confirmé avoir entamé, à 80 ans, les démarches pour obtenir la nationalité française en invoquant le droit du sang, ses grands-parents maternels étaient français, "afin" dit-il "de garder un lien avec l’Union européenne". Les Britanniques n’ont pas fini de nous surprendre.

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