Le journaliste Rouhollah Zam, capturé l'année dernière en Iran par les gardiens de la Révolution après des années d'exil en France, a été exécuté. Il avait été reconnu coupable d'avoir fomenté des violences lors des manifestations antigouvernementales de 2017.
L'Iran a exécuté, samedi 12 décembre, l'activiste Rouhollah Zam, qui avait vécu en exil en France et avait participé à des manifestants contre le pouvoir iranien, a indiqué la télévision d'État.
"Le "contre-révolutionnaire"" Zam a été pendu dans la matinée après la confirmation de sa sentence par la Cour suprême en raison de la "sévérité des crimes" commis contre le république islamique d'Iran, a précisé la télévision.
La plus haute instance judiciaire iranienne avait confirmé mardi sa condamnation à mort. Suivi par plus d'un million d'abonnés, Rouhollah Zam avait été reconnu coupable d'avoir fomenté des violences lors des manifestations antigouvernementales de 2017.
"Corruption sur terre"
Selon l'acte d'accusation, l'opposant était comparu pour "corruption sur terre", un des chefs d'accusations les plus graves en République islamique d'Iran, passible de la peine capitale. Il était poursuivi également pour "des délits contre la sécurité intérieure et extérieure du pays", "espionnage au profit du service de renseignement français", et insulte au "caractère sacré de l'islam".
L'Union européenne a condamné "dans les termes les plus forts" l'exécution de l'opposant, rappelant son opposition à la peine de mort "quelles que soient les circonstances", dans un communiqué. Elle juge aussi "impératif que les autorités iraniennes respectent les droits des accusés et cessent d'avoir recours à des aveux télévisés pour établir et démontrer leur culpabilité", souligne le communiqué d'une porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
Dans un message publié sur Twitter, l'ONG Reporters Sans Frontières s'est dite "choquée" par cette exécution. RSF, qui suivait particulièrement le cas de cet opposant, indique avoir notamment "averti de l'imminence de l'exécution dès le 23 octobre" la Haute commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Michelle Bachelet.
#Iran #Rohollah_Zam directeur du site AmadNews a été exécuté ce 12/12. RSF choquée que la justice iranienne et le commanditaire de cet acte @ali_khamenei aient mis à exécution leur sentence. RSF avait averti @mbachelet & @JavaidRehman de l'imminence de l'exécution dès le 23/10 pic.twitter.com/Bj2UNi8W46
— RSF (@RSF_inter) December 12, 2020Une arrestation dans des circonstances obscures
Rouhollah Zam, qui disposait du statut de réfugié en France, avait été arrêté en octobre 2019, mais l'Iran n'a pas précisé le lieu ni la date des faits.
Il avait dirigé un canal, intitulé Amadnews, sur la plateforme de messagerie cryptée Telegram. Les Gardiens de la révolution l'avaient accusé d'avoir mené "une opération psychologique à grande échelle destinée à semer la discorde entre les instances du système (politique de la République islamique d'Iran), à propager l'iranophobie et le mensonge, à susciter le doute à l'égard de la religion parmi la jeune génération, préparer le terrain à des actions violentes et terroristes, et susciter des émeutes et des troubles dans le pays".
À la demande des autorités iraniennes, Telegram avait accepté de fermer le canal Amadnews, qui comptait alors près de 1,4 million d'abonnés, pendant les troubles de la fin du mois de décembre 2017, reprochant au canal d'avoir incité à la "violence".
Le groupe était rapidement réapparu sous un nouveau nom, "Sedaiemardom" ("La voix du peuple" en français), que le patron de Telegram, Pavel Durov, avait refuser de fermer jugeant alors que ce nouveau groupe appelait "à des manifestations pacifiques".
Au moins 25 personnes ont été tuées dans les troubles ayant touché plusieurs dizaines de villes iraniennes entre le 28 décembre 2017 et le 3 janvier 2018. Téhéran avait qualifié de "sédition" ce mouvement de protestation contre la vie chère ayant rapidement pris un tour politique.
Avec AFP et Reuters