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À l'issue d'une rencontre, mercredi à Bruxelles, entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le Royaume-Uni et l'Union européenne ont constaté que leurs divergences sur les pourparlers post-Brexit restaient profondes. Les deux parties se donnent jusqu'à dimanche pour prendre "une décision ferme" sur "l'avenir des négociations".

Le sort des négociations post-Brexit sera tranché d'ici dimanche. C'est l'annonce faite, mercredi 9 décembre, par le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à l'issue d'un dîner à Bruxelles où ils ont à nouveau pris acte de leurs profondes divergences.

"De très grands écarts subsistent entre les deux parties et il n'est pas encore clair si ceux-ci peuvent être comblés", a déclaré une source à Downing Street à l'issue de cette rencontre. Les deux dirigeants se fixent jusqu'à dimanche pour prendre "une décision ferme" sur "l'avenir des négociations".

Actant elle aussi des positions "très éloignées", Ursula von der Leyen a évoqué "une discussion animée". Les négociations reprendront dès jeudi matin, selon une source européenne.

Brexit : les divergences restent importantes, le sort des pourparlers attendra dimanche

Ursula von der Leyen devrait présenter un bilan de la rencontre de plus de trois heures lors d'un sommet prévu jeudi et vendredi à Bruxelles avec les dirigeants des Vingt-Sept, qui joueront un rôle décisif dans la décision. La France a agité la menace d'un veto si l'accord ne lui convenait pas.

Les négociateurs ne comptent plus les échéances, jamais respectées, qui leur ont été fixées depuis le début des discussions en mars. Mais en dépit d'échanges toujours plus intenses, ils n'ont jamais réussi à concilier leurs positions de départ, entre des Britanniques qui veulent récupérer leur pleine indépendance et des Européens qui entendent protéger leur immense marché.

"Allons-y"

Seule certitude : le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier, abandonnera définitivement le marché unique et l'union douanière le 31 décembre. Sans accord commercial à cette date, les échanges entre Londres et l'UE se feront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas, au risque d'un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.

Boris Johnson est arrivé à la Commission européenne aux alentours de 20 h. Il s'est d'abord entretenu en tête-à-tête avec Ursula von der Leyen, avant de dîner en présence d'une dizaine de convives, dont les négociateurs britannique, David Frost, et européen, Michel Barnier.

Alors que la pêche est l'un des sujets les plus controversés des tractations, coquilles Saint-Jacques et turbot vapeur étaient au menu. Avant leur dîner, les deux dirigeants ont brièvement enlevé leurs masques anti-Covid, le temps d'une photo devant les drapeaux britannique et européen, avant de lancer "Allons-y !" en français, sourire aux lèvres.

Boris Johnson - qui a retrouvé une ville où il avait été le correspondant du Daily Telegraph dans les années 1990 - avait estimé avant la rencontre encore possible d'arriver à un "bon accord", malgré les exigences de Bruxelles qu'"aucun Premier ministre ne devrait accepter". Quelle que soit l'issue des négociations, il promet que son pays "sera prêt" le 31 décembre.

Souveraineté retrouvée

Londres et Bruxelles butent toujours sur trois sujets, les mêmes depuis mars : l'accès européen aux eaux britanniques, la manière de régler les différends dans le futur accord et les garanties exigées de Londres par l'UE en matière de concurrence en échange d'un accès sans droits de douanes ni quotas à son marché. La question des conditions de concurrence équitable est la plus épineuse, mais "pas la seule" à résoudre, a souligné une source européenne.

L'Union européenne, qui redoute de voir surgir une économie dérégulée à sa porte, veut que Londres s'engage dans la durée à respecter une certaine convergence sur l'environnement, le droit du travail, la transparence fiscale ou les aides publiques. Les Britanniques s'y refusent, au nom de leur souveraineté retrouvée.

S'il est conclu, l'accord commercial - de plus de 700 pages - devra encore être ratifié par les Parlements britannique et européen avant d'entrer en vigueur, une gageure vu le peu de temps qui reste.

Avec AFP