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L'Union africaine hausse le ton face au chef de la junte

Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), qui s'est réuni jeudi en Éthiopie, menace la Guinée de sanctions si Moussa Dadis Camara, le chef de la junte au pouvoir, décide de se porter candidat à l'élection présidentielle censée se t

AFP - Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a prévenu jeudi les membres de la junte en Guinée qu'ils seraient sanctionnés si d'ici deux jours ils ne s'engagaient pas à ne pas participer à la prochaine élection comme l'a demandé l'UA.

"L'UA continue de demander à la junte ce qu'elle lui a demandé il y a un mois, de formaliser l'engagement du capitaine (Moussa Dadis) Camara et des membres du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) de ne pas se porter candidat, à défaut de quoi, l'UA se rendra à la nécessité d'imposer des sanctions", a déclaré le Commissaire à la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.

Le CPS, qui s'est réuni jeudi, "a demandé à la Commission de l'UA de préparer un rapport sur les modalités et de se tenir prête à mettre en oeuvre les sanctions si le CNDD ne répond pas à cette demande", a-t-il précisé.

"En 48 heures, beaucoup de choses peuvent encore se passer et nous espérons qu'il se passera quelque chose", a souligné la présidente du CPS, l'ambassadrice du Nigeria Nkozi Yoyo.

Le 17 septembre, le CPS avait donné un mois aux responsables de la junte pour s'engager par écrit à ne pas prendre part à l'élection prévue pour janvier 2010.

Le chef de la junte Moussa Dadis Camara avait pris le pouvoir lors d'un coup d'Etat sans effusion de sang en décembre 2008, après la mort de Lansana Conté à la tête du pays depuis 1984.

Mme Yoyo a expliqué que "plusieurs processus (étaient) en cours, notamment un sommet de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) à Abuja le 17 octobre prochain". "Donc nous attendons pour exprimer notre position finale", a-t-elle dit.

La violente répression par l'armée d'une manifestation de l'opposition à Conakry le 28 septembre a soulevé l'indignation de la communauté internationale.

La junte affirme que 56 civils ont été tués et 934 personnes blessées tandis que l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme estime que plus de 157 personnes ont été tuées et 1.200 blessées, dont de nombreuses femmes violées. Les Nations unies ont fait état de plus de 150 morts.

Interrogée sur les appels lancés pour que les responsables de la répression soient traduits en justice, Mme Yoyo a estimé qu'il y avait "unanimité pour dire que les responsables doivent être traduits en justice". "Mais avant vous devez établir qui a fait quoi", a-t-elle dit.

"Il y a d'une part le processus de médiation politique, d'autre part la justice. Maintenant il y a un appel quasi unanime de la communauté internationale pour qu'il n'y ait pas d'impunité", a de son côté déclaré M. Lamamra.

"L'UA a déjà décidé de mettre en place un processus d'enquête internationale et des contacts ont déjà eu lieu", a-t-il ajouté.

Mercredi, le Commissaire européen à l'aide humanitaire et au développement, Karel de Gucht, avait estimé que le capitaine Camara devrait être jugé pour "crimes contre l'humanité" suite à la répression du 28 septembre.