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Affaire Samuel Paty : l'Éducation nationale pointe le manque de surveillance des réseaux sociaux

Rendu public jeudi, un rapport se penchant sur les événements survenus au collège de Conflans-Sainte-Honorine avant l'assassinat de Samuel Paty confirme la réactivité de l'institution académique, mais alerte sur un défaut de surveillance des réseaux sociaux.

"La reconstitution du déroulement des faits tend à montrer que, tant au niveau de l'établissement qu'aux niveaux départemental et académique, les dispositions ont été prises avec réactivité pour gérer le trouble initialement suscité par le cours sur la liberté d'expression de Samuel Paty", écrit l'inspection générale de l'Éducation dans un rapport rendu public, jeudi 3 décembre.

Ce document, se penchant sur les événements survenus dans le collège de Samuel Paty avant son assassinat, le 16 octobre dernier, confirme la réactivité de la prise en charge de l'institution, mais souligne un défaut de surveillance des réseaux sociaux.

Au début du mois d'octobre, ce professeur d'histoire-géographie de 47 ans avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet, lors d'un cours sur la laïcité qui avait créé la polémique auprès de certains parents. Dix jours plus tard, il avait été assassiné par un Tchétchène radicalisé, à la veille des vacances de la Toussaint.

"Une bonne réactivité et des réflexes professionnels"

La principale du collège "a accompagné le professeur dès le lendemain, mardi, quand elle a recueilli une première réaction d'une mère d'élève" et a alerté l'académie "dès le jeudi 8 avant même d'avoir rencontré le père de l'élève et l'individu qui l'accompagnait".

Au sujet de l'entretien que Samuel Paty a eu avec le référent académique laïcité, la principale et la conseillère d'éducation, l'inspection explique que dans un premier temps, l'enseignant a eu "du mal à percevoir qu'en proposant aux élèves de sortir il a fait une erreur, il pense qu'en cela son comportement est conforme aux principes de la laïcité".

Samuel Paty a ensuite "reconnu une maladresse, dans la mesure où ce qui était pensé comme un moyen de protéger les élèves a finalement froissé", poursuit l'inspection, précisant que "lors de l'entretien, il est redit qu'il n'a pas demandé explicitement aux élèves musulmans de sortir mais qu'ils se sont sentis désignés implicitement".

"Il y a eu une bonne réactivité et des réflexes professionnels, de la part de Samuel Paty, de la principale du collège et des différents acteurs dont les équipes 'Valeurs de la République' de l'académie de Versailles. Le soutien de l'institution au professeur semble avoir été total", affirme par ailleurs le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, dans une interview au Figaro.

Des cellules de veille des réseaux sociaux

Mais le rapport de 22 pages pointe néanmoins des faiblesses, telles que le manque de surveillance des réseaux sociaux.

En effet, après les cours de Samuel Paty, la polémique, à travers notamment la vidéo du père d'une élève, a été particulièrement relayée sur les réseaux sociaux. Toutefois, le rapport note que l'alerte a été donnée "par des parents d'élèves ou par un professeur".

Pointant donc un déficit de l'institution, le rapport estime qu'il "apparaît nécessaire de mettre en place ou de faire monter en puissance des cellules de veille des réseaux sociaux". Le rapport revient aussi sur les échanges d'informations et recommande d'"accroître la fluidité et la réciprocité des échanges d'information entre les différents échelons des services du ministère de l'Éducation nationale et ceux du ministère de l'Intérieur de façon, notamment, à permettre une évaluation du degré de gravité d'un événement".

Dans un communiqué distinct, le ministère de l'Éducation nationale a indiqué avoir recensé près de 800 incidents (17 % pour apologie du terrorisme) lors de l'hommage rendu à Samuel Paty dans les établissements scolaires. Quelques jours après, le chiffre de 400 avait été donné par le ministre.

Au total, 44 exclusions définitives ont été prononcées par les établissements et 286 signalements ont été effectués auprès des services police-gendarmerie et 136 auprès des procureurs de la République.

Avec AFP