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Le photographe Ameer al Halbi, blessé lors de la Marche des Libertés, toujours "sous le choc"

Un photographe syrien a été blessé samedi lors de la manifestation contre le texte de loi "sécurité globale" et les violences policières à Paris. Ameer Al Halbi s'est retrouvé au milieu d'une charge des forces de l'ordre. Il témoigne sur France 24.

Il a couvert la guerre en Syrie, dans les faubourgs d'Alep. À 24 ans, ses clichés lui ont déjà valu plusieurs prestigieux prix de photographie, comme le  2e prix de la catégorie "Spot News" pour le World Press Photo en 2017 ou le prix du "Regard des jeunes de 15 ans" à Bayeux. Mais aujourd'hui, c'est son visage tuméfié que les medias exposent aux yeux de tous.

More than 350,000 dead: Syria's war in numbers #AFP https://t.co/GBTB9ZWeV5
???? @AmeerAlhalbi @Kilicbil @JOSEPHEID1@AbdDoumany @abdfree2 @hamza_alajweh & George Ourfalian pic.twitter.com/hJu7uLUhwO

— Aurelia BAILLY (@AureliaBAILLY) March 13, 2018

Ameer al Halbi, réfugié en France depuis trois ans, a été blessé au visage par un coup de matraque, samedi 29 novembre, alors qu'il couvrait de manière indépendante, la manifestation contre la loi "sécurité globale" et les violences policières. "On est arrivé à Bastille en début d'après-midi, raconte-t-il au micro de France 24. On était dans une rue avec les policiers et les manifestants. J'étais avec trois ou quatre photographes et on faisait des photos entre les deux".

Collaborateur de Polka Magazine et de l'AFP, il ne portait ni casque, ni brassard presse. C'est au moment d'une charge des policiers contre les manifestants qu'il a reçu un coup de matraque sur le visage. "J'étais avec mon appareil photo. On s'est retrouvé bloqués entre les deux. J'ai pris un coup sur le visage et j'ai été par terre pendant quelques minutes", se souvient-il.

Ameer al Halbi, photographe indépendant d'origine syrienne, collaborateur de @polkamagazine et de l'@AFPphoto, a été blessé hier au visage pendant une charge de police, tout comme plusieurs autres manifestants #AFP 1/5 pic.twitter.com/Vc4uSH98wW

— Agence France-Presse (@afpfr) November 29, 2020

Ameer al Halbi est resté bloqué pendant deux heures dans le quartier de Bastille, totalement bouclé par les forces de l'ordre. "Cela m'a pris du temps d'aller à l'hôpital, c'était le plus dur pour moi".

J’ai suivi ce photographe après sa blessure,sans savoir qu’il s’agissait d’Ameer Al Halbi,reporter ayant fuit la guerre en Syrie.
Il a été pris en charge par des street medics, qui ont été bloqués plusieurs fois par des CRS au moment de l’amener à l’hôpital. #marchesdeslibertes https://t.co/IU62bH6H7q pic.twitter.com/h1QuEJExgO

— Antton Rouget (@AnttonRouget) November 28, 2020

La photojournaliste indépendante Gabrielle Cézard, auteure du cliché où on le voit tête bandée et nez ensanglanté, présente à ses côtés, a témoigné de la violence de la charge dans cette petite rue. 

"Nous étions identifiables comme photographes et tous collés à un mur. On criait 'Presse ! Presse !'. Il y avait des jets de projectiles du côté des manifestants. Puis la police a mené une charge, matraque à la main", raconte-t-elle à l'AFP. "Ameer était le seul photographe qui ne portait ni casque, ni brassard. Je l'ai perdu de vue, puis je l'ai retrouvé entouré de gens, le visage tout ensanglanté et enveloppé de pansements".

"Il était psychologiquement très touché, il a pleuré, et a dit qu'il ne comprenait pas 'pourquoi c'était mal de faire des photos'", poursuit la photographe. 

Place de la Bastille, ajd, le jeune photographe indépendant d’origine syrienne Ameer al Halbi, collaborateur de l'@AFP et de @polkamagazine, a été blessé au visage par un coup de matraque. Identifiable comme journaliste, il couvrait la #marchesdeslibertes (Photo Gabrielle Cezard) pic.twitter.com/3SJUm4C4Ii

— Christophe Deloire (@cdeloire) November 28, 2020

Ameer Al Halbi a aujourd'hui quitté l'hôpital Lariboisière. Selon Dimitri Beck, directeur de la photographie de Polka qui suit le jeune homme depuis son arrivée en France, il a le nez cassé et a été blessé à l'arcade sourcilière. 

Quant à savoir s'il va porter plainte contre les forces de l'ordre, il est encore trop tôt, souligne le photographe. "Pour le moment, je suis toujours sous le choc. Je prends du temps pour moi. Je n'arrive pas à dormir à cause de ce qui s'est passé. Je vais voir plus tard avec l'AFP et Polka magazine pour prendre la meilleure décision".

Avec AFP