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Jean Sarkozy tient tête aux critiques

, avec dépêches – Face au flot de critiques concernant sa probable arrivée à la présidence de l'Établissement public d'aménagement de La Défense, Jean Sarkozy, 23 ans, défend sa "légitimité" à en prendre les rênes, le 4 décembre. Son arrivée programmée à la tête de la

Dans la famille Sarkozy, je demande le fils cadet, Jean. Du haut de ses 23 ans, le jeune politicien inscrit en deuxième année de licence de droit à Paris est pressenti pour occuper, à partir du 4 décembre, la présidence de l'Établissement public d'aménagement de la Défense (Epad), le plus grand quartier d’affaires d’Europe doté d'un budget de 115 millions d’euros en 2009. De quoi faire rire jaune la presse internationale... et  s'indigner la classe politique française jusque dans les rangs de l’UMP. Mais, soutenu par son président de père, Jean Sarkozy contre-attaque.

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Focus : Jean Sarkozy, népotisme ou mérite ?
Jean Sarkozy tient tête aux critiques

"En aucun cas, il ne s'agit d'une nomination à la présidence de l'Épad, mais bien d'une élection, s'est-il défendu mardi soir lors d’une interview accordée à la chaîne France 3. Je tire ma légitimité de l'élection et du suffrage universel. Je suis un élu comme les autres [...]. Les attaques et les critiques font partie du jeu politique. Je n'ai pas envie de me plaindre, j'ai envie d'agir." Jean Sarkozy est le conseiller général du canton de Neuilly-sud depuis mars 2008.

Le fait de s’appeler Jean Sarkozy "rend les choses plus difficiles, comme le prouvent les violentes attaques personnelles dont j'ai fait l'objet depuis le début", a-t-il poursuivi. 
Pourtant, le chemin vers la présidence de l'Epad s'est dégagé rapidement. Son président actuel, Patrick Devedjian, 65 ans, est contraint de quitter le poste, atteint par la limite d'âge. Quant à Hervé Marseille, l'un des membres du conseil d'administration pressenti pour remplacer Patrick Devedjian, il a été prié de démissionner pour laisser la place au fils Sarkozy et lui permettre, ainsi, d'accéder à la tête de l'organisme.

Ce dernier justifie sa rapide ascension dans les Hauts-de-Seine par "sa passion" pour la politique. Jean Sarkozy ne cache plus son ambition : il vise clairement, en 2011, la présidence du département, fief de la famille Sarkozy - l'actuel chef de l'État a lui-même été président de l'Epad, en plus d'avoir longtemps été le maire de Neuilly-sur-Seine.

Face au tollé provoqué par l'affaire, l’UMP a reçu pour mission de venir à la rescousse. "Jean Sarkozy a été élu", ont successivement martelé, mardi, le Premier ministre François Fillon, Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, et Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement.

"Ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né"

Le chef de l’État, Nicolas Sarkozy, a aussi profité de son discours sur la réforme du lycée pour faire passer un message. Il a salué la création des lycées en 1802, synonyme de "la fin des privilèges de la naissance", avant de poursuivre : "Cela voulait dire : désormais, ce qui compte en France pour réussir, ce n'est plus d'être bien né, c'est d'avoir travaillé dur et d'avoir fait la preuve par ses études de sa valeur".

Mardi soir toutefois, à l’Assemblée, le député UMP Pierre Cardo n'a pas manqué de dénoncer une "maladresse" politique : "J’entends en circonscription des parents dont les enfants [de niveau bac + 3 ou bac +5] ne trouvent pas de stage", a-t-il lâché. Ses collègues ont applaudi. Leur chef de file, Jean-François Copé, l'a rappellé à l’ordre. Fin de l’épisode.

Alors que la pétition contre l’élection de Jean Sarkozy à la tête de l’EPAD a récolté plus de 55 000 signatures en six jours, la gauche continue de réagir. Des militants du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) ont déposé, mercredi, à l'Elysée, des demandes d'adoption auprès du chef de l'État, dans l'espoir qu'il leur offre "un premier emploi à temps plein", jugeant que cela est "plus facile quand on s'appelle Sarkozy".

La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a dénoncé "la poursuite de la reprise en main par l'UMP de la région Ile-de-France". Son prédécesseur, François Hollande, a, lui, exprimé sa tristesse de voir le monde regarder la France "avec dérision, avec amusement et avec sarcasme".

" Préparer la succession au trône"

En effet, la presse étrangère se délecte de cette affaire. Le quotidien italien Corriere della Sera, qui parle dans son édito de "Sarkozy I and Sarkozy II", accuse le président français d’essayer de créer une “monarchie républicaine” et de "préparer la succession au trône".

De son côté, le quotidien britannique The Times pointe du doigt “un étonnant acte de népotisme”.

Enfin, la Chine, courtisée par la France pour investir à La Défense, s’intéresse beaucoup au dossier Epad. La télévision d’état CCTV a fustigé un favoritisme familial "typiquement français".