La police espagnole s'est invitée, mardi, à une réunion secrète de l'organisation indépendantiste basque organisée à Saint-Sébastien, dans le nord de l'Espagne. Arnaldo Otegi et huit autres militants soupçonnés de former la nouvelle direction d'ETA o
AFP - Le leader indépendantiste basque Arnaldo Otegi a été interpellé mardi avec huit autres militants soupçonnés d'avoir tenté de "reconstruire la direction de Batasuna", le bras politique interdit de l'ETA, ont indiqué des sources judiciaire et policière.
Une dizième militante, non soupçonnée d'appartenance à la présumée nouvelle structure dirigeante de Batasuna, a été interpellée alors qu'elle tentait de dissimuler des documents.
M. Otegi et quatre militants, dont une figure historique de l'indépendantisme basque, le dirigeant du syndicat LAB, Rafael Diez Usabiaga, ont été arrêtés à Saint-Sébastien (Pays Basque, nord) au siège de ce syndicat où ils tenaient une réunion secrète, selon une source judiciaire.
Le ministère de l'Intérieur a précisé dans la soirée que quatre autres "dirigeants de la gauche indépendantiste" avaient été arrêtés, deux à Hernani, au Pays Basque, et deux à Pampelune, en Navarre.
L'opération a été ordonné par le juge d'instruction madrilène Baltasar Garzon, qui soupçonne ces militants d'avoir tenté depuis le début de l'année de "reconstruire la direction de Batasuna en suivant les instructions de l'ETA", selon la source judiciaire interrogée par l'AFP.
Batasuna est interdit en Espagne depuis 2003, en raison de ses liens avec l'organisation armée ETA, dont il est considéré comme le bras politique.
Les policiers sont intervenus à l'issue d'une réunion secrète au siège du syndicat LAB, où des perquisitions étaient en cours dans la soirée.
Selon des sources de la lutte antiterroriste citées par l'agence Europa Press, ce groupe avait l'habitude de se réunir depuis le début de l'année au siège du LAB en prenant des précautions pour ne pas attirer l'attention.
Arnaldo Otegi aurait parallèlement effectué plusieurs voyages dans le sud de la France, traditionnelle base arrière de l'ETA, selon ces sources qui le soupçonnent d'y avoir rencontré des dirigeants de l'organisation clandestine.
M. Otegi a été l'un des principaux artisans du processus de négociations avorté de 2006-2007 entre le gouvernement espagnol et l'ETA, tenue pour responsable de 828 morts en 41 ans de violences pour l'indépendance du Pays Basque.
Poursuivi dans plusieurs procédures, il avait été incarcéré en juin 2007, juste après la rupture officielle de cette trêve, en vertu d'une condamnation à 15 mois de prison pour apologie du terrorisme, et libéré fin août 2008.
Après un long silence, il était revenu depuis janvier sur le devant de la scène, prônant la création d'un pôle souverainiste regroupant plusieurs formations basques, à l'exception du puissant Parti nationaliste basque (PNV, centre-droit).
La justice lui avait interdit en août de se rendre en France, où il voulait passer des "vacances", le soupçonnant de vouloir y travailler à la création d'un nouveau bras politique de l'ETA.
Le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, avait averti quelques jours plus tôt que Batasuna et aucun autre parti prête-nom ne serait légalisé tant qu'existerait l'ETA, même s'il condamnait la violence.
Le ministre avait confié avoir "plus que l'impression" que Batasuna préparait pour cet automne la création d'un nouveau parti indépendantiste se démarquant de la violence de l'ETA, dans le but de pouvoir participer aux élections municipales basques de 2011.
Madrid exerce une pression constante sur la mouvance indépendantiste et l'ETA depuis la rupture de son dernier "cessez-le-feu permanent", qui s'est traduite par des dizaines d'arrestations.