Alors que l'Azerbaïdjan doit reprendre le contrôle du Haut-Karabakh dimanche, des habitants de villages ont mis le feu à leurs maisons samedi, avant leur fuite vers l'Arménie, selon un journaliste de l'AFP. Les villageois disent préférer voir leur maison s'effondrer, plutôt que d'être utilisées par leurs rivaux.
Leurs anciennes maisons abandonnées… et en feu. Les habitants des certains villages du Haut-Karabakh ont incendié leurs maisons, samedi 14 novembre, avant leur fuite vers l'Arménie, alors que l'Azerbaïdjan doit reprendre le contrôle de la région dimanche après six semaines de conflit ouvert, et la signature d'un cessez-le-feu contesté par une partie de la population arménienne.
Erevan a rapporté samedi 14 novembre la mort 2 317 de ses soldats dans le conflit, soit près de 1 000 de plus que le dernier bilan arménien, de 1 339 soldats et 50 civils tués dans les hostilités débutées fin septembre. De son côté, Bakou n’a pas révélé ses pertes militaires.
"C'est le dernier jour, demain les soldats azerbaïdjanais seront là", a déclaré un soldat dans le village de Charektar, dans la région de Kalbajar qui doit être cédée à Bakou.
Rien que dans ce village, marquant la limite avec le district voisin de Martakert, qui doit, lui, rester sous contrôle arménien, au moins six habitations étaient en feu samedi matin, selon un journaliste de l'AFP. Les flammes s'échappaient des fenêtres, embrasant les charpentes dans d'épaisses panaches de fumée grise s'élevant dans le ciel de la vallée.
"Tout le monde va brûler sa maison"
"C'est ma maison, je ne peux pas la laisser aux Turcs", a expliqué le propriétaire de l'une de ces maisons faisant allusion aux Azerbaïdjanais. Le visage fermé, il jetait alors des planches de bois enflammées et tisons imbibés d'essence pour tenter d'incendier le parquet de son ancien salon, dans une habitation complètement vidée.
"On attendait pour être fixé. Mais quand ils ont commencé à démonter la station hydro-électrique, on a compris", ajoute-t-il. "Tout le monde va brûler sa maison aujourd'hui (...) On nous a donné jusqu'à minuit pour partir".
"On a aussi bougé la tombe des parents, les Azerbaïdjanais vont se faire un malin plaisir à profaner nos tombes, c'est insupportable", crache-t-il d'un air de dégoût, avant de remonter dans sa voiture et des lancer des insultes à l'égard des Azerbaïdjanais.
Vendredi 13 novembre, au moins une dizaine d'habitations ont été incendiées dans ce même village et ses environs.
Destruction du cimetière arménien de Djulfa
Les habitants du Haut-Karabakh ont peur que l'histoire se répète, avec le souvenir en tête de la destruction du cimetière de Djulfa, dans la région azérie du Nakhitchevan, détruit par les forces loyales à Bakou entre 2002 et 2006.
L'accord de paix signé entre Erevan et Bakou sous égide de Moscou a mis fin à près de sept semaines d'intenses combats au Haut-Karabakh, enclave montagneuse disputée depuis des décennies entre ces deux pays du Caucase.
Au terme de ce texte, l'Azerbaïdjan reconquiert de larges territoires qui étaient sous contrôle arménien depuis le début des années 1990.
Avec AFP