A la Une de la presse, ce mardi 10 novembre, les espoirs suscités par l’annonce du groupe américain Pfizer et du laboratoire allemand BioNTech, qui affirment avoir développé un vaccin contre le Covid-19 "efficace à 90%". Avec les appels à la prudence et l’instrumentalisation politique qui s’ensuivent. Et une escapade sur les océans.
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A la Une de la presse, l’annonce, hier, du groupe américain Pfizer et du laboratoire allemand BioNTech, qui affirment avoir développé un vaccin contre le Covid-19 «efficace à 90%».
Cette annonce suscite de tels espoirs à-travers la planète, que certains en viendraient presque à croire au Père Noël - d’où le dessin de Morten Morland, pour The Times, qui le montre s’affairant, avec ses petits lutins, à la préparation du vaccin. Ce ne sont pourtant ni le Père Noël, ni ses lutins qui l’ont développé, mais un couple de chercheurs allemands, d’origine turque - une «dream team» formée par les deux fondateurs de l’entreprise allemande de biotechnologie BioNTech, Ughur Sahin et sa femme, Ozlem Türeci. Lui est issu d’une famille modeste, fils d'un immigré turc, ouvrier dans une usine Ford de Cologne, elle, est la fille d’un médecin immigré en Allemagne, d’après le journal anglophone turc Daily Sabah. Le couple, tout sourire dans son laboratoire, se retrouve propulsé à la Une du Times. D’après le quotidien britannique, en cas de succès, la fortune d’Ughur Sahin et Ozlem Türeci pourrait dépasser les 3 milliards d’euros.
Si l’annonce de leur découverte suscite l’enthousiasme, elle doit aussi être accueillie avec prudence. 20 minutes prévient que la communauté scientifique «attend encore des données complémentaires sur les essais menés», «d’avoir des chiffres précis et des données détaillées». L’Humanité, de son côté, rappelle qu’il y a quelques mois, le groupe Moderna, l’autre gros laboratoire américain en piste pour un vaccin avait lui aussi fait des annonces parcellaires, «restées sans lendemain» - on précise toutefois que Moderna doit encore publier de nouveaux résultats dans les semaines qui viennent. Cette fois-ci, les choses seront peut-être différentes, mais L’Huma fait également état des difficultés qui risquent de se poser ensuite pour «l’accès universel à ce potentiel vaccin».
En attendant, l’annonce de Pfizer et BioNTech arrive à point nommé pour le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden. Dans les colonnes de L’Opinion, l’expert financier Gregori Volokhine affirme même que c’est «un cadeau du ciel» pour le nouveau président américain. «Si Pfizer avait publié ses résultats il y a une semaine, Donald Trump aurait-il gagné? On peut se poser la question», doute-t-il. L’annonce de Pfizer a-t-elle été différée pour porter préjudice au président sortant? L’hypothèse a été évoquée par son camp et presque aussitôt réfutée par le patron du groupe pharmaceutique, selon The Independent. The Washington Post regrette, lui que l’annonce de Pfizer ait été immédiatement «engloutie dans une bataille politique - comme d’ailleurs tout ce qui semble se produire dans l'Amérique actuelle». Le journal demande à ce que le vaccin Pfizer ne soit pas l’objet d’une instrumentalisation politique, comme l’a été, et l’est toujours, le nouveau coronavirus.
Confirmés ou non, les espoirs suscités par un vaccin potentiel ne doivent pas faire oublier que le coronavirus, lui, est toujours bien là. Et il le sera sans doute encore pour un bon moment. Le dessinateur Hic vous recommande de ne PAS faire comme toutes celles et ceux qui s’empressent – déjà - de jeter leur masque à la poubelle. Un dessin trouvé sur Twitter. En France, où l’épidémie a fait 551 morts dans les dernières 24 heures, les enseignants demandent un renforcement des mesures sanitaires dans les écoles. «Protocole à l’école, les profs toussent» : d’après le Courrier Picard, certains syndicats appellent à la grève aujourd’hui, notamment pour obtenir le recrutement de personnel supplémentaire.
Enfin, je vous invite à jeter un cil au «Libé des océans», l’édition que Libération consacre aux océans de la planète, et à leurs sons, du claquement de pince de la crevette-pistolet au craquement de la banquise, en passant par le chant des baleines à bosse et celui des albatros. A lire avec la contribution, notamment, de l’ancienne navigatrice Isabelle Autissier, qui propose de partager sa rencontre avec «un iceberg, gigantesque masse plus sombre dans le brouillard, charriant sa glace vieille de milliers d’années», ou encore cette «nuit d’alizé aux nuages sagement inclinés, quand l’océan brille sous la lune et luit de plancton phosphorescent». Belle journée à tous !
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