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Le parquet de Paris requiert la perpétuité contre Rachid Ramda

Le parquet de Paris a requis une peine de prison à vie contre l'Algérien Rachid Ramda, accusé d'avoir financé l'organisation de trois attentats perpétrés à Paris en 1995. Le verdict est attendu mardi.

AFP - La réclusion à perpétuité a été requise lundi en appel à l'encontre de l'islamiste algérien Rachid Ramda accusé de complicité dans trois attentats commis en 1995 à Paris, déjà condamné à cette peine en première instance.

L'avocate générale a demandé la confirmation de la peine maximale, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, contre cet homme de 40 ans accusé devant la cour d'assises spéciale de Paris d'être le financier de trois attentats, dont celui, meurtrier, du RER Saint-Michel.

"Il m'appartient, au nom de la République française, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que jamais vous ne puissiez recommencer", a lancé Anne Vosgien à l'adresse de Rachid Ramda, penché sur ses notes durant tout le réquisitoire.

Un accusé auquel elle a reproché "d'être resté celui qu'(il) était en 1995, un homme qui marche toujours sur le chemin du fanatisme". Il est, à ses yeux, "l'homme sans lequel toutes ces horreurs n'auraient pas été possibles".

En octobre 2007, Rachid Ramda avait déjà écopé de la peine maximale pour l'attentat du 25 juillet 1995 à la station Saint-Michel (8 morts, 150 blessés), et deux autres perpétrés en octobre aux stations Maison-Blanche et Musée d'Orsay, qui avaient fait des dizaines de blessés.

Depuis son arrestation à Londres le 4 novembre 1995, il a toujours nié une quelconque implication dans ces événements. Rachid Ramda n'avait été extradé qu'en 2005 au terme d'une longue bataille de procédure.

Il avait été en 2002 le grand absent du procès criminel qui s'était soldé par la condamnation à perpétuité des principaux auteurs des attentats: Boualem Bensaïd et Smain Aït Belkacem.

Pour l'avocate générale, la culpabilité de Ramda "se traduit notamment par des financements et des contacts téléphoniques constants, avant et après les attentats, avec Boualem Bensaïd".

"C'est vous, M. Ramda, qui pilotiez ces financements", a-t-elle insisté en citant les documents attestant de plusieurs transferts d'argent retrouvés au domicile londonien de l'accusé.

Balayée par l'avocate générale, la thèse d'une manipulation des jihadistes par les services secrets algériens a constitué l'un des axes de la première plaidoirie pour la défense de l'accusé.

Me Anne-Guillaume Serre est largement revenue sur le rôle trouble, accrédité par plusieurs témoins, joué par le gouvernement algérien qui aurait eu intérêt à promouvoir le terrorisme islamiste en France.

Il a déploré que "la raison d'Etat" empêche les autorités françaises de contribuer à faire toute la lumière sur cet aspect des événements. A ce titre, il a suggéré que Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur au moment des faits, avait menti en affirmant, lors d'un témoignage effectué par visioconférence, n'avoir eu ni sollicité "aucune information" sur les enquêtes en cours après les attentats.

Dans cette perspective, "la condamnation de Rachid Ramda ne résoudra rien" et "n'apportera aucune réponse à la question essentielle: pourquoi ?", a fait valoir Me Serre.

Soulignant que les empreintes digitales de Ramda retrouvées sur plusieurs documents compromettants "prouvaient juste" que l'accusé les avait eus entre les mains, il a affirmé que la cour n'avait "pas de quoi motiver une condamnation".

Le verdict est attendu mardi après la plaidoirie du second avocat de l'accusé et les délibérations de la cour.