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Plusieurs milliers de manifestants ont à nouveau défilé, dimanche, dans les rues de Bangkok pour demander le départ du Premier ministre Prayut Chan-O-Cha. Samedi soir, il a affirmé qu'il refusait de démissionner, alors que les militants pro-démocratie lui avaient donné trois jours pour le faire.

En Thaïlande, les manifestants pro-démocratie étaient de retour, dimanche 25 octobre, dans les rues de Bangkok. Plusieurs milliers de contestataires se sont rassemblés, après que le Premier ministre a ignoré leur ultimatum l'exhortant à démissionner, dernier acte du vent de fronde qui secoue le royaume pour demander plus de démocratie et une réforme de la monarchie.

"Je suis en colère, Prayut Chan-O-Cha refuse de partir, mais il est incapable de diriger ce pays", a lancé Nut, un étudiant de 21 ans.

"L'économie va très mal et il ne fait rien pour améliorer la situation", a renchéri  Nuch, salarié dans le privé, alors que le royaume, très tributaire du tourisme, est en récession depuis la pandémie de coronavirus et que des millions de personnes sont sans emploi.

La foule a chanté l'hymne national, trois doigts joints, en signe de résistance.

Un nouveau rassemblement prévu lundi

Lundi, les militants souhaitent marcher vers l'ambassade d'Allemagne, un nouveau signe de défi au roi, Maha Vajiralongkorn, qui séjourne très fréquemment dans ce pays.

Les protestataires, qui manifestent depuis l'été, exigent la démission de Prayut Chan-O-Cha, au pouvoir depuis le coup d'État de 2014 et légitimé par des élections controversées l'année dernière.

"Je ne démissionnerai pas", a déclaré le Premier ministre samedi soir, alors que les activistes pro-démocratie lui avaient donné trois jours pour le faire.

"Si Prayut persiste à vouloir se maintenir au pouvoir, nous continuerons à descendre dans la rue", a réagi Jatupat "Pai Dao Din" Boonpattararaksa, un des leaders du mouvement, appelant à de nouvelles manifestations. "Pai Dao Din" fait partie des dizaines d'activistes qui ont été arrêtés ces derniers jours, mais il a depuis été libéré sous caution.  

La contestation demande aussi une révision de la Constitution, notamment sur le Sénat jugé trop proche de l'armée, et une réforme de la puissante et richissime monarchie, un sujet tabou il y a encore peu.

Maha Vajiralongkorn n'a pas directement commenté les événements en cours. Mais, fait rarissime, il est apparu plusieurs fois en public ces derniers jours, rompant même avec le protocole pour féliciter vendredi l'un de ses partisans qui avait brandi un portrait de son père face aux contestataires. "Très courageux (...) Merci", a-t-il déclaré, selon une vidéo publiée sur Facebook.

État d'urgence et arrestations 

Les principaux leaders du mouvement ont été emprisonnés et un état d'urgence "renforcé" a été imposé la semaine dernière, puis levé au bout de quelques jours, alors que des milliers de manifestants bravaient l'interdiction de rassemblement en continuant à descendre dans la rue.

Mais les autorités ont aussi lancé plusieurs appels au calme et au dialogue. Le gouvernement a "entendu les préoccupations des manifestants" et souhaite "une désescalade des tensions", a déclaré samedi son porte-parole, Anucha Burapachaisri, plaidant pour une solution via "un processus parlementaire".

Le Parlement est convoqué en session extraordinaire à partir de lundi. Mais comme les sénateurs sont nommés par le gouvernement et que beaucoup viennent des rangs militaires, il est peu probable qu'ils abandonnent volontiers leurs prérogatives.

Avec AFP