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Tariq Ramadan mis en examen pour viols sur une cinquième femme

Déjà poursuivi pour viols sur quatre femmes, Tariq Ramadan a été mis en examen, jeudi, pour des viols remontant à 2013-2014 et dénoncés par l'une de ses premières accusatrices, Mounia Rabbouj, selon les avocats de l'islamologue. Ses avocats évoquent "une mise en examen de pure forme", la défense de son accusatrice la qualifie de "tournant fort".

L'islamologue Tariq Ramadan, déjà poursuivi pour viols sur quatre femmes, a été mis en examen, jeudi 22 octobre, pour les mêmes faits sur une cinquième femme. Remontant à 2013-2014, ces agressions sexuelles ont été dénoncées par l'une de ses premières accusatrices, Mounia Rabbouj, a appris l'AFP auprès des avocats de Tariq Ramadan.

Cette mise en examen avait déjà été réclamée au printemps 2018 par le parquet de Paris, mais les juges avaient suspendu leur décision sur le cas de cette ancienne escort-girl. À l'époque, son témoignage avait amené l'islamologue, alors en détention, à admettre pour la première fois des relations extra-conjugales, selon lui "consenties".

"Une mise en examen de pure forme"

"Il n'y aucun élément nouveau" dans l'enquête depuis deux ans, "c'est une mise en examen de pure forme pour pouvoir organiser prochainement la confrontation", ont commenté les avocats de la défense, Maîtres Nabila Asmane, Ouadie El Hamamouchi et Philippe Ohayon, à la sortie de l'interrogatoire au tribunal de Paris. "Ce n'est pas la parole de Tariq Ramadan contre celle de cette femme, c'est cette femme contre ses propres mensonges graves et concordants", ont-ils ajouté.

Pour l'avocat de la plaignante, "c'est évidemment une satisfaction" et un "tournant fort". "Les investigations ont démontré combien la parole de ma cliente était aussi fiable que constante", a réagi Me Éric Morain.

"Le code de procédure pénale ne connaît pas les mises en examen de pure forme : seuls des indices graves et concordants, que les juges ont aujourd'hui pleinement constatés", a-t-il rétorqué.

Aveu d'adultère avec cette femme

Le témoignage de Mounia Rabbouj, connue pour avoir été protagoniste du procès pour proxénétisme dit du Carlton, aux côtés de l'ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, a joué un rôle important dans l'affaire.

Cette femme de 47 ans avait porté plainte en mars 2018 contre l'islamologue, l'accusant de l'avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.

Tariq Ramadan, 58 ans, était alors emprisonné depuis sa mise en examen le 2 février 2018 pour les viols dénoncés par deux premières accusatrices.

Contraint par le récit de Mounia Rabbouj, l'islamologue avait admis, le 5 juin 2018, des relations adultères avec cette femme et d'anciennes maîtresses ayant témoigné.

Il avait déposé plus de 300 vidéos et plus de 1 000 photos pour convaincre les juges qu'il s'agissait d'une relation consentie, et les magistrats ne l'avaient alors pas mis en examen.

Une troisième et une quatrième mises en examen, pour des soupçons de viols sur deux autres femmes en 2015 et 2016, ont été prononcées en février dernier contre l'islamologue.

Son contrôle judiciaire a été récemment allégé, avec un pointage deux fois par mois au commissariat, et l'autorisation de déférer aux convocations de la justice suisse. Une procédure pour viol, parallèle à la procédure française, est ouverte à Genève depuis 2018.

Avec AFP