C'est l'une des plus anciennes monarchies d'Europe. Mais aujourd'hui, elle vacille : six ans après l'abdication de Juan Carlos, de plus en plus de voix s'élèvent pour que son fils, Felipe VI, soit le dernier des rois d'Espagne. D'abord symbole de la réconciliation du pays après la dictature franquiste, Juan Carlos s'est retrouvé impliqué dans de nombreux scandales, au point d'avoir quitté le pays pour trouver refuge aux Émirats arabes unis. "Billet Retour" revient sur la disgrâce de Juan Carlos, qui met la monarchie espagnole en péril.
La monarchie espagnole remonte à l'unification du royaume au XVe siècle. Au début du XXe siècle, entre la proclamation de la IIe République, la guerre civile, puis la dictature franquiste, l'Espagne n'a pas connu de roi pendant 44 ans. Jusqu'en 1975, et le couronnement de Juan Carlos, désigné comme successeur par Franco.
Mais le jeune roi va rapidement prendre ses distances avec la dictature. En 1981, il va jouer un rôle majeur pour déjouer un coup d'État militaire contre la jeune démocratie et entre définitivement dans le cœur des Espagnols comme celui qui symbolise la réconciliation du pays.
Aujourd'hui, ce roi tant aimé va peut-être devenir la cause de la chute de la monarchie. Depuis 2012, les scandales s'enchaînent autour de Juan Carlos : blanchiment d'argent, évasion fiscale, cadeaux douteux… Le souverain perd alors toute crédibilité. À tel point qu'en juin 2014, après 39 ans de règne, Juan Carlos 1er abdique au profit de son fils Felipe.
Le 3 août 2020, il annonce qu'il quitte l'Espagne et trouve refuge aux Émirats arabes unis. Cet éloignement suffira-t-il à ramener la confiance des Espagnols envers la royauté ?
Rien n'est moins sûr, car cet été, dans les rues de Madrid, le camp républicain s'est mobilisé en manifestant contre la monarchie. Un récent sondage a montré que 41 % des Espagnols seraient en faveur de la république, contre seulement 35 % pour la monarchie – une première dans l'histoire du pays.
La famille royale dispose toutefois d'un atout majeur : elle est soutenue par la plupart des formations politiques, de droite comme de gauche. Et une partie des Espagnols continue de soutenir l'institution, symbole pour eux de l'unité et de la stabilité du pays.
L'avènement d'une IIIe République semble incertain... mais la monarchie n'a jamais été aussi fragile.