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Le Premier ministre du Kirghizstan, Sadyr Japirov, a revendiqué, jeudi, avoir pris la fonction présidentielle après la démission, dans la journée, du chef de l'État de ce pays d'Asie centrale, plongé dans une grave crise politique.

"Les pouvoirs du président et du Premier ministre m'ont été transférés", a affirmé le Premier ministre kirghiz Sadyr Japarov à ses partisans, selon une journaliste de l'AFP, après la démission de Sooronbaï Jeenbekov, jeudi 15 octobre. Un peu plus tôt dans la journée, le président du Parlement avait refusé d'assurer l'interim.

Dans la matinée, le président du Kirghizstan avait annoncé sa démission, espérant ainsi mettre fin au chaos politique et aux manifestations émaillées de violences qui secouent le pays depuis une dizaine de jours, suite à des législatives controversées.    

"Je ne m'accroche pas au pouvoir, je ne veux pas entrer dans l'histoire du Kirghizstan comme le président qui a fait couler le sang en tirant sur ses concitoyens. C'est pourquoi j'ai décidé de démissionner", avait-il déclaré. 

Ce dernier avait promis, la semaine dernière, de se retirer du pouvoir une fois le pays stabilisé, et avait ajouté, quelques jours plus tard, qu'il attendrait en conséquence la tenue de nouvelles législatives. 

Les résultats de celles du 4 octobre, entachés de fraudes et de soupçons d'achats de voix, avaient été annulés après des manifestations violentes et l'occupation de nombre de bâtiments publics par diverses factions d'opposants. 

Finalement, Sooronbaï Jeenbekov a dû se résoudre à démissionner dès jeudi, sous la pression du Premier ministre nouvellement élu par le Parlement, Sadyr Japarov, un nationaliste à la réputation sulfureuse qui réclamait son départ immédiat. 

Le président a ainsi relevé que l'entrée en fonction du nouveau chef de gouvernement n'a pas "fait baisser l'agressivité", ni "les appels à ma démission". 

"Pour moi, la paix au Kirghizstan, l'intégrité de notre pays, l'unité de notre peuple et la paix dans la société sont le plus important", a relevé le président kirghiz, qui a appelé "Japarov et les autres politiques à retirer leurs partisans des rues".  

Sadyr Japarov purgeait, jusqu'en début de semaine dernière, une longue peine de prison pour avoir participé à la prise d'otage d'un gouverneur régional.  

Il a été libéré par ses partisans à la faveur du chaos post-électoral, fait annuler sa condamnation par la justice en un temps record puis imposé, en sortant ses partisans dans la rue, sa nomination au poste de Premier ministre. 

Le Kirghizstan, la plus pluraliste mais aussi la plus instable des ex-républiques soviétiques d'Asie centrale, a déjà connu deux révolutions et vu trois de ses présidents emprisonnés ou exilés depuis son indépendance. 

Avec AFP

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