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Soumise à un feu roulant de questions de la part des sénateurs, la juge Amy Coney Barrett, 48 ans, s'est engagée mardi à mettre de côté ses convictions religieuses si elle était confirmée à la Cour suprême. Elle a néanmoins refusé de donner son avis sur plusieurs sujets brûlants, comme le droit à l'avortement.

Droit à l'avortement, religion, Obamacare... Devant l'avalanche de sujets abordés par les sénateurs américains lors de la deuxième journée d'audience en vue de sa confirmation à la Cour suprême, la juge conservatrice de 48 ans Amy Coney Barrett a tenté de rassurer en affirmant ne pas mêler ses convictions personnelles à ses jugements. Elle a toutefois reconnu posséder une arme et être attachée aux enseignements de l'Église catholique.

"Notre foi est importante pour nous", a-t-elle expliqué, en mentionnant son mari et ses sept enfants, dont deux adoptés originaires d'Haïti et un petit dernier atteint de trisomie 21. "Mais ce sont mes choix", et "je n'ai jamais essayé de les imposer" aux autres, a-t-elle insisté.

Désignée par Donald Trump pour succéder à la juge féministe et progressiste Ruth Bader Ginsburg, elle a assuré mettre de côté ses convictions religieuses en tant que juge à la cour fédérale d'appel de Chicago. "Et si je suis confirmée, je continuerai à le faire" à la Cour suprême, a-t-elle promis.

"Pas de réponse claire"

Après l'avoir complimentée sur ses enfants, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein a tenté, en vain, de connaître son opinion sur l'arrêt Roe V. Wade de 1973, qui a reconnu le droit des Américaines à avorter.

"Que je dise que je l'aime ou que le déteste, cela va envoyer un signal alors que des recours sont pendants", a justifié la magistrate, avant de se dérober de la même manière sur le sujet des armes à feu, ou les droits des minorités sexuelles.

La doyenne démocrate au Sénat a jugé "inquiétant de ne pas avoir de réponse claire" mais s'est gardée de renouveler les critiques qu'elle avait émises il y a trois ans lors d'une première audition d'Amy Coney Barrett.

"Le dogme religieux vit bruyamment en vous", avait alors lancé Dianne Feinstein, mais la formule s'était retournée contre elle et avait accru l'aura de la juge dans les milieux chrétiens traditionalistes.

Les démocrates minoritaires au Sénat

Dans un pays où un quart de la population est athée ou sans religion, le rival de Donald Trump, Joe Biden, avait intimé à ses troupes de ne pas s'avancer sur ce terrain miné. "Sa foi ne doit pas entrer en considération", a-t-il déclaré lundi. Les démocrates s'y sont pliés mardi, maintenant un ton courtois envers la magistrate.

Les démocrates réservent leurs piques au président républicain. Ils lui reprochent notamment d'avancer à marche forcée pour arracher la confirmation de la juge avant les élections du 3 novembre, au mépris des électeurs.

Mais ils sont minoritaires au Sénat et ne devraient pas réussir, sauf surprise, à empêcher la juge Barrett de cimenter la majorité conservatrice à la Cour suprême – qui serait, avec elle, de six juges sur neuf.

Faute de pouvoir peser sur le vote du Sénat, ils semblent déterminés à ramener les débats sur les questions de santé, centrales dans un pays ravagé par le Covid-19. Leur angle d'attaque ? La loi emblématique de l'ex-président Barack Obama qui a octroyé une couverture maladie à des millions d'Américains.

"Pas hostile" à l'Obamacare

Un recours contre l'"Obamacare", introduit par des républicains, doit être examiné en novembre par la Cour suprême qui, à en croire les démocrates, risque d'invalider la loi si la juge Barrett participe à la décision. Elle veut "s'en débarrasser", a assuré lundi Joe Biden.

"Je ne suis pas hostile" à cette loi, a rétorqué mardi la magistrate sans jamais se départir de son calme ni de son sourire. "Je n'ai jamais eu de conversation avec le président ou un membre de son équipe sur la façon dont je pourrais trancher ce dossier", a-t-elle encore assuré.

Plus largement, elle a dit n'avoir pris "aucun engagement" avec la Maison Blanche ou le Sénat sur la manière dont elle trancherait les dossiers sensibles, y compris de possibles litiges post-élections.

Avec AFP