![Prix Bayeux : les civils déplacés de Syrie et les Ouïghours sous les projecteurs de la 27e édition Prix Bayeux : les civils déplacés de Syrie et les Ouïghours sous les projecteurs de la 27e édition](/data/posts/2022/07/25/1658762459_Prix-Bayeux-les-civils-deplaces-de-Syrie-et-les-Ouighours-sous-les-projecteurs-de-la-27e-edition.jpg)
La 27e édition du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre a consacré, samedi, un reportage sur les déplacés de Syrie et un reportage sur les Ouïghours. Créé en 1994, l'événement a pour but de rendre hommage aux journalistes exerçant leur métier dans des conditions périlleuses, afin de permettre l'accès à une information libre.
Le Prix Bayeux des correspondants de guerre a consacré, samedi 10 octobre, un reportage sur les civils déplacés de Syrie, réalisé pour Arte, en catégorie grand format, et un sujet sur les Ouïghours, en Chine, pour la BBC, primé en télévision format court.
Le "meilleur" travail toutes catégories est un reportage sur les millions de civils syriens venant d'anciens bastions de l'opposition et coincés dans la région d'Idleb, dans le nord-ouest du pays, entre la frontière turque fermée et les offensives du régime et de son allié russe, a estimé le président du jury international Ed Vulliamy, grand reporter irlandais pour le Guardian et The Observer. "C'est traité à travers le regard d'un journaliste syrien qui revient dans son pays et celui d'une femme musulmane", une humanitaire, a-t-il précisé.
Le reportage "#Syrie : dans le piège d’Idleb" est à découvrir ici : https://t.co/pVQ7pNUG0i #PBCN2020 @DecoupagesProd pour @ARTEfr
— Prix Bayeux Calvados-Normandie (@PrixBayeux) October 10, 2020Ce reporter syrien "parle pour les centaines de millions de personnes dans le monde, qui ne savent pas si elles vont un jour revoir leurs familles, leur maison", a-t-il insisté pendant la cérémonie de remise des prix.
Dans la région d'Idleb, "il y a quatre millions de civils aujourd'hui", a précisé à l'AFP Suzanne Allant, qui signe avec Yamaan Khatib et Fadi Al-Halabi ce reportage intitulé "Syrie, dans le piège d'Idleb". "Ils manquent de tout, de logements, de nourriture, de soins car les hôpitaux ont été bombardés", a-t-elle ajouté lors de la cérémonie
"Dans le film, on voit que dans une guerre il se passe plein de choses qui n'ont rien à voir avec la guerre, comme se mettre à chanter" par exemple, a souligné Ed Vulliamy.
"Yémen : à marche forcée" pour Arte/France 24 remporte le prix de l'image vidéo
Le jury était partagé à parité entre ce reportage et "Yémen : à marche forcée" d'Olivier Jobard (Magnéto Presse) pour Arte/France 24, qui remporte finalement le prix de l'image vidéo. Le président du jury a tranché, après avoir consulté de grands noms du reportage international, et voté une seconde fois pour "dans le piège d'Idlib", a-t-il expliqué lors de la cérémonie.
L'autre reportage majeur de ce palmarès s'intitule "Les familles ouïghoures", signé John Sudworth et Wang Xiping pour la BBC. Il décroche le prix en télévision format court. "C'est un reportage fantastique, très coûteux, réalisé à la fois depuis la Turquie, le Kazakhstan et la Chine (...) sur l'abomination" d'enfants ouïghours privés de leurs parents par la Chine, a expliqué le président du jury à l'AFP.
"Un des sujets majeurs de notre siècle"
"C'est un des sujets majeurs de notre siècle, avec les atteintes à l'environnement, à savoir l'éradication des populations indigènes. Ici, l'éradication par la Chine de l'identité d'enfants (ouïghoures) remplacée par une identité repoussante monoculturelle, marxiste-léniniste", poursuit-il. Cela montre "une Chine qui est le pire du capitalisme et le pire du communisme et qu'on n'aurait pas laissé faire sous la guerre froide. Mais aujourd'hui c'est l'argent qui compte et rien n'est fait", déplore Ed Vulliamy.
En radio, le prix consacre Sonia Ghezali et Wahlah Shahzaïb, pour leur reportage pour RFI, "Afghanistan : après l'attaque de la maternité de MSF". "C'est un reportage magnifique avec un réel sentiment d'être sur place et une vraie bande son d'ambiance", a souligné Ed Vulliamy.
En photo, le prix du jury international récompense "The Longest War" (La guerre la plus longue), consacré aux Taliban en Afghanistan, de Lorenzo Tugnoli de l'agence italienne Contrasto, pour le Washington Post. "Avoir accès aux Taliban est incroyablement difficile. Et esthétiquement" le reportage évoque Le Caravage, a encore souligné le président du jury.
Diffusion d'une partie du reportage de @LorenzoTug, prix @NikonFR #Photo #PBCN2020 pic.twitter.com/EgiZd2FVLB
— Prix Bayeux Calvados-Normandie (@PrixBayeux) October 10, 2020En presse écrite, le prix est attribué à Allan Kaval, du Monde, pour "Dans le nord-est de la Syrie, la mort lente des prisonniers djihadistes". Ce reportage remporte également le prix presse écrite Ouest-France. Le journaliste était samedi hospitalisé à Paris, après avoir été assez grièvement blessé dans le Haut-Karabakh.
Le prix du public a été attribué à Anthony Wallace de l'AFP pour un reportage photo intitulé "Hong Kong, une révolte populaire".
L'autre point d'orgue de cette 27e édition a été, selon Ed Vulliamy, l'hommage rendu jeudi au Mémorial des reporters de guerre de Bayeux par la directrice de la photo de l'AFP, Marielle Eudes, au vidéaste yéménite, qui collaborait avec l'Agence, Nabil Hasan al-Quaety, 34 ans. Ce père de jeunes enfants a été tué en juin.
Avec AFP