
Les États-Unis ont annoncé jeudi de nouvelles sanctions contre Téhéran visant à couper définitivement le secteur financier iranien du reste du monde. L'Iran a accusé Washington de cibler sa capacité à payer pour les produits de première nécessité durant la crise sanitaire.
Les États-Unis ont imposé, jeudi 8 octobre, des sanctions supplémentaires visant le secteur financier iranien. Dix-huit banques sont ciblées, avec l'objectif de restreindre davantage les sources de revenus de l'Iran, sur fond de pressions croissantes de Washington contre Téhéran, en amont de l'élection présidentielle américaine.
Les mesures prévoient le gel des actifs aux États-Unis des entités figurant sur la "liste noire" de l'administration américaine et interdisent les Américains de faire affaire avec celles-ci, tout en prolongeant le champ des sanctions dites "secondaires" auxquelles s'exposent les tiers en cas d'échanges avec l'Iran – les banques étrangères risquent ainsi de perdre l'accès au marché et au système financier américains.
Dans un communiqué, le département américain du Trésor a indiqué que les interdictions ne s'appliquaient pas aux transactions concernant les produits agricoles, les biens alimentaires ou encore les médicaments, déclarant comprendre le besoin pour l'Iran de se procurer des produits humanitaires.
"Propagande domestique"
Toutefois le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé Washington de cibler la capacité de Téhéran à payer pour les produits de première nécessité durant la crise sanitaire du coronavirus. "Le régime américain veut faire sauter les voies qu'il nous reste pour payer pour de la nourriture et des médicaments", a déclaré Mohammad Javad Zarif sur Twitter. "Conspirer pour affamer une population est un crime contre l'humanité", a-t-il ajouté.
Amid Covid19 pandemic, U.S. regime wants to blow up our remaining channels to pay for food & medicine.
Iranians WILL survive this latest of cruelties.
But conspiring to starve a population is a crime against humanity. Culprits & enablers—who block our money—WILL face justice. pic.twitter.com/n0fnXPNik8
Le gouverneur de la banque centrale iranienne a pour sa part dénoncé le caractère politique des sanctions et minimisé leur impact réel. "Plutôt que d'avoir un effet économique quelconque, la mesure américaine est destinée à de la propagande domestique aux États-Unis et à des fins politiques", a déclaré Abdolnaser Hemmati dans un communiqué.
"Notre campagne de pression économique maximale va se poursuivre tant que l'Iran n'acceptera pas de conclure une négociation globale qui s'attaque au comportement néfaste du régime", a prévenu de son côté le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, précisant que ces sanctions entreraient en vigueur dans quarante-cinq jours, c'est-à-dire après la présidentielle américaine du 3 novembre, mais avant la prise de fonctions du vainqueur, le 20 janvier.
L'administration Trump avait affiché comme objectif de faire plier la République islamique pour qu'elle "change d'attitude" et négocie "un meilleur accord". Mais à l'approche de la fin du premier mandat du milliardaire républicain, elle n'a obtenu aucune avancée sur ces deux fronts. Le président-candidat assure maintenant que les autorités iraniennes accepteront de négocier, mais après le scrutin américain. Reste à savoir si ce sera avec lui ou avec le démocrate Joe Biden.
Avec Reuters et AFP