Enlevé en mars dernier, en pleine campagne électorale, le chef de l'opposition au Mali, Soumaïla Cissé, a été libéré, a annoncé jeudi la présidence malienne. Au cours du week-end, plus d'une centaine de jihadistes condamnés ou présumés ont été relâchés dans le pays dans le cadre de négociations en vue de sa libération.
Le chef de l'opposition au Mali, Soumaïla Cissé, a été libéré, jeudi 8 octobre, ainsi que la dernière otage française dans le monde Sophie Pétronin. Les détails de cette libération n'ont pas été communiqués, mais plus d'une centaine de prisonniers jihadistes avaient été relâchés le week-end dernier sur le territoire malien.
La présidence de la République malienne a confirmé sur son compte Twitter "la libération de M. Soumaïla Cissé et Mme Sophie Pétronin. Les ex-otages sont en route pour Bamako".
La présidence de la République confirme la libération de M. Soumaila Cisse et Mme Sophie Petronin. Les ex otages sont en route pour Bamako.
— Presidence Mali (@PresidenceMali) October 8, 2020Arrivé à Bamako dans la nuit de jeudi à vendredi, Soumaïla Cissé a fait un retour triomphal parmi ses partisans debout les bras levés à travers le toit ouvrant d'une voiture.
L'Élysée a aussi salué ces libérations dans un communiqué : outre le "soulagement" après la libération de Sophie Pétronin, "le Président de la République salue également la libération à cette même occasion de Monsieur Soumaïla Cissé, responsable politique malien enlevé il y a six mois. Le Président de la République remercie tout particulièrement les autorités maliennes pour cette libération. Il les assure de l’entière volonté de la France de soutenir le Mali dans la lutte qu’il mène avec persévérance contre le terrorisme au Sahel."
Sophie Pétronin est libre.
Retenue en otage depuis près de 4 ans au Mali, sa libération est un immense soulagement. À sa famille, à ses proches, j'adresse un message de sympathie. Aux autorités maliennes, merci. Le combat contre le terrorisme au Sahel se poursuit.
Leur libération avait déjà fait l'objet de rumeurs, il y a 48 heures. "Mais, il n'y avait aucune source officielle qui l'annonçait. J'avais moi-même travaillé sur ce sujet depuis samedi. J'avais eu confirmation qu'un transfert avait été entamé, puis plus rien", explique le journaliste de France 24 Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes. "Je pense qu'on peut affirmer maintenant qu'ils sont libres".
"Je pense que Sophie Pétronin a profité du deal qui a été fait concernant l'opposant Soumaïla Cissé. Elle était très malade. Ils voulaient la libérer, mais y trouver aussi leur compte", précise notre journaliste, en faisant référence à la libération de plus d'une centaine de jihadistes le weekend dernier.
Singulièrement, le gouvernement a indiqué que la libération des quatre otages remontait à mardi. En fait, a dit Soumaïla Cissé aux médias, c'est même lundi que "nous avons été informés que nous (étions) libres".
Enlevé en pleine campagne électorale
Soumaïla Cissé, ancien chef de l'opposition parlementaire et deuxième à trois reprises de l'élection présidentielle, avait été été kidnappé le 25 mars, alors qu'il était en campagne pour les législatives dans son fief électoral de Niafounké, dans la région de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali.
Il se déplaçait avec une délégation d'une douzaine de personnes à bord de deux 4x4 quand le convoi a été attaqué par des hommes armés. Le garde du corps de Soumaïla Cissé avait été tué et deux autres membres de son entourage blessés. Bien que détenu, il avait été élu dès le premier tour des législatives.
Le Mali a connu nombre d'enlèvements depuis le début de la grave crise sécuritaire qu'il traverse depuis 2012, qu'il s'agisse de Maliens ou d'étrangers dont on reste sans nouvelles. Selon les cas, les rapts ont des motivations différentes. Avec Soumaïla Cissé, âgé de 70 ans, c'est la première fois qu'un enlèvement touchait une figure d'une telle stature. Il a été secrétaire général de la présidence, plusieurs fois ministre et candidat malheureux au second tour de la présidentielle en 2018 encore. Il a exercé de hautes responsabilités à l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).