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Face à une nouvelle polémique, Mitterrand contre-attaque

Le ministre de la Culture a annoncé qu'il allait déposer plainte après la publication d'une lettre de témoignage de moralité, document judiciaire confidentiel, qu'il avait rédigé pour deux mineurs accusés de viol à la Réunion.

AFP - Frédéric Mitterrand est passé à l'offensive samedi en annonçant qu'il engagerait des poursuites après la publication dans la presse de son témoignage de moralité dans un procès pour viol à la Réunion, exprimant son "dégoût" face à une "nouvelle campagne de calomnie insensée".

Après la polémique sur son ouvrage "La mauvaise Vie", Frédéric Mitterrand est confronté depuis vendredi à la publication d'un témoignage de moralité qu'il a apporté en mars dernier à deux mineurs, dont l'un est son filleul, accusés de viol à La Réunion.

L'avocat des deux mineurs a annoncé samedi à l'AFP qu'il allait déposer "plainte contre X pour soustraction de document judiciaire" après la publication du fac-similé de la lettre de témoignage de Frédéric Mitterrand, qui était alors directeur de la Villa Médicis à Rome.

Pour Me Saïd Larifou, la lettre de témoignage de M. Mitterrand "n'aurait jamais dû se retrouver sur la place publique", tandis que le ministre jugeait "honteux" qu'elle "se retrouve sur tous les réseaux internet".

Vendredi, le Quotidien de la Réunion a publié ce document en faveur de la famille de deux des accusés que M. Mitterrand avait apporté à la cour, lors du premier procès devant les assises des mineurs de Saint-Denis-de-La-Réunion au printemps.

Il a aussi révélé que le ministre de la Culture était cité en tant que témoin de moralité dans le procès en appel qui se déroulera fin octobre. Trois jeunes au total ont été condamnés à des peines de 8 à 15 ans de prison en première instance dans cette affaire de viol collectif d'une jeune fille de 16 ans.

Cette campagne est lancée "à partir de témoignages de moralité en faveur des parents d'une famille dans la détresse et d'une offre d'aide à la réinsertion présentée au tribunal de La Réunion pour deux membres de cette famille", a déclaré le ministre à Bordeaux.

Cette lettre est un geste de "compassion" et de "solidarité" à l'égard d'une famille "modeste" et "en très grande détresse" parce que "deux fils ont fait une énorme connerie", a ajouté M. Mitterrand.

Il a souligné qu'il avait "dû voir trois fois dans (sa) vie" l'un des garçons mis en cause, fils d'une ancienne maquilleuse, dont il est le parrain.

Dénonçant "avec la plus extrême vigueur" les faits qu'ils ont commis, il a rappelé n'avoir "jamais manifesté (...) ni excuse, ni compréhension" à l'égard de ces jeunes, dans une "mise au point" publiée plus tôt dans la matinée.

Le ministre exprime également "son dégoût et son indignation face à ces tentatives répétées et systématiques qui confinent à l'acharnement et à la chasse à l'homme".

La révélation de ce témoignage intervient alors que le ministre, face à l'ampleur de la polémique sur son livre "La mauvaise vie" publié en 2005 déclenchée par le Front national, avait dû venir s'expliquer jeudi dans le journal de 20H00 sur TF1.

Samedi, le Front national a de nouveau attaqué Frédéric Mitterrand. A Bordeaux, il a été pris à partie par une trentaine de militants d'extrême droite réclamant sa démission. A Lille, la vice-présidente du FN Marine Le Pen a qualifié le ministre de "faux témoin en justice" et l'a accusé d'avoir exercé "une pression directe sur le président d'un tribunal de grande instance", visant à avoir une influence sur l'issue du procès ou sur la peine qui est prononcée".