Accusé par ses opposants de mener un "coup d'État constitutionnel" en briguant un troisième mandat consécutif, le président de la République de Guinée, Alpha Condé, assure, dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI, qu'il est "un démocrate" et qu'il ne compte pas devenir président "à vie".
Dans un entretien exclusif accordé à France 24 et RFI depuis Conakry, le président de la République de Guinée, Alpha Condé, affirme qu’il ne viole pas la Constitution en briguant un troisième mandat le 18 octobre prochain. La réforme de la Constitution, qui a ouvert la voie à ce troisième mandat, "a été soumise à referendum, tout le monde a été consulté", rappelle-t-il. "Il ne s'agit pas de faire une présidence à vie".
Le chef de l’État sortant assure que le scrutin du 18 octobre sera transparent et affirme qu'il acceptera le verdict des urnes. "Je suis un démocrate", déclare-t-il sur nos antennes. "Je me suis battu pendant 45 ans. Mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. […] C’est extraordinaire que moi, qui me suis battu durant 45 ans, je sois considéré comme un dictateur antidémocrate !"
Alpha Condé nie catégoriquement avoir appelé ses partisans à la violence, assurant qu’il s’agit-là de "Fake news". Il ajoute que l’un de ses opposants - qu'il se refuse à nommer -, a prévu de proclamer sa victoire, puis de se réfugier dans une ambassade par crainte de violences post-électorales.
Le président guinéen nie farouchement jouer la carte ethnique, soulignant qu’il a toujours tendu la main aux Peuls. "Je n'ai jamais tenu de discours ethnique", assure-t-il. "On sait qu'il y a des gens qui instrumentalisent" cette question.
Il assure, par ailleurs, ne pas craindre un "scénario malien", alors que son homologue Ibrahim Boubacar Keïta a été poussé à démissionner au mois d’août, suite à un coup de force militaire.
Interrogé sur le rapport récent d'Amnesty international, qui accuse les forces de sécurité d’avoir tué au moins 50 manifestants depuis l’an dernier, il accuse l'ONG d’avoir mené "une enquête à charge". "Je ne prends pas Amnesty international au sérieux", dit-il.
Enfin, il affirme aussi que le procès des accusés du massacre au stade de Conakry du 28 septembre 2009, se tiendra prochainement et qu'un "bâtiment est en cours de construction" à cet effet.