Pour lutter contre la propagation du virus, les habitants de Madrid et de neuf communes limitrophes sont priés, depuis vendredi soir, de ne pas sortir du périmètre de leurs villes, sauf pour des raisons de première nécessité.
Madrid partiellement bouclée. Depuis la fin de soirée du vendredi 2 octobre, les habitants de la capitale espagnole et de neuf communes environnantes particulièrement touchées par le Covid-19 ne peuvent plus sortir de leur commune que pour des raisons de première nécessité (aller travailler, étudier ou se rendre chez le médecin).
Les plus de 4,5 millions de personnes concernées peuvent toutefois se déplacer librement à l'intérieur de leur ville et ne sont pas obligés de rester chez eux, comme au moment du confinement très strict décrété en mars. Les autorités ont toutefois appelé à éviter tout déplacement non nécessaire. Ce type de restrictions affectaient déjà depuis plusieurs jours un million de personnes dans les zones de la région, où le taux de contagion est le plus élevé.
Ce bouclage partiel de Madrid intervient après un bras de fer de deux semaines entre la région, navire amiral du Parti Populaire (droite), et le gouvernement central du socialiste Pedro Sanchez. "Merci pour le chaos, Pedro Sanchez", a tweeté la présidente régionale Isabel Diaz Ayuso tandis que le chef du gouvernement espagnol a, lui, souligné depuis Bruxelles, "le moment d'extraordinaire gravité" dans lequel se trouve la région.
Desde mañana podrás llegar a Madrid desde Berlín pero no desde Parla.
Gracias por el caos, Pedro Sánchez.
La région, qui rechignait à prendre des mesures de cette envergure malgré les appels du gouvernement, met en avant le coût économique très élevé d'un tel bouclage partiel, 8 milliards d'euros par mois selon le responsable régional en charge de la justice, Enrique Lopez.
Deux millions de déplacements chaque jour
La question qui se pose désormais est celle de l'efficacité réelle de ces mesures, insuffisantes selon nombre d'épidémiologistes, et de la capacité des autorités à contrôler les entrées et sorties de chaque ville dans une agglomération où l'on recense deux millions de déplacements chaque jour.
Le maire de droite de Madrid, Jose Luis Martinez Almeida, a lui même reconnu qu'il allait être "très difficile" pour les forces de l'ordre de faire respecter ces restrictions en raison des exceptions "si nombreuses".
Tel que le décret est rédigé, un habitant d'une ville de banlieue concernée par les restrictions pourrait ainsi venir en toute légalité en train pour aller travailler dans le centre de Madrid, puis rester faire des courses ou prendre un verre dans n'importe quel quartier de la capitale où vivent 3,2 millions de personnes.
Par ailleurs, les habitants des quartiers de Madrid, qui étaient déjà soumis aux restrictions, ne seront eux plus cantonnés dans leurs quartiers et pourront se déplacer dans toute la capitale, a dénoncé la région qui juge que ses mesures étaient plus efficaces.
"Beaucoup d'incertitudes"
"Cela provoque beaucoup d'incertitudes", a souligné Federico de Montalvo, expert en santé publique de l'Université de Comillas, interrogé par la télévision publique. "Comment peut-on exiger des citoyens qu'ils se comportent de manière responsable quand on ne leur transmet pas sécurité et certitude ?", a-t-il demandé.
Afin de pouvoir boucler partiellement Madrid, le gouvernement central a fait adopter, mercredi, par une majorité de régions, un décret permettant de prendre des mesures drastiques dans les villes de plus de 100 000 habitants ayant détecté au moins 500 cas sur les deux dernières semaines et comptant plus de 35 % des lits en soins intensifs occupés par des patients Covid. Ce qui dans les faits n'est le cas qu'à Madrid et dans les communes voisines.
Avec AFP