Après l'OMS qui avait annoncé la première, mardi, ouvrir une enquête sur des accusations d'agressions sexuelles en RD Congo visant ses employés, l'Organisation internationale des migrations (OIM) et l'Unicef ont fait de même mercredi.
L'Unicef est devenue la troisième grande agence de l’ONU à tenter de faire la lumière sur le rôle de son personnel en lançant, mercredi 30 septembre, une enquête sur des accusations d'agressions sexuelles contre des femmes en République démocratique du Congo.
Le Fonds des Nations unies pour l'enfance s'est dit "choqué que des gens qui se présentent comme des employés de l'Unicef aient abusé des femmes vulnérables en République démocratique du Congo", selon un communiqué.
L'Organisation internationale des migrations (OIM) avait fait de même un peu plus tôt dans la journée, de même que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui avait annoncé la veille une enquête à la demande expresse de son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Ce sont là des employés de trois des plus importantes agences de l'ONU qui se retrouvent mis en cause.
Ces annonces surviennent peu après la publication, mardi, d'une enquête par l'agence de presse spécialisée dans l'action humanitaire The New Humanitarian (TNH) et la Thomson Reuters Foundation.
Une pratique très répandue
Cette enquête menée pendant de longs mois a permis de trouver plus de 50 femmes accusant des employés de l'OMS et d'ONG impliquées dans la lutte contre Ebola d'exploitation sexuelle – on leur proposait notamment des rapports sexuels en échange de la promesse d'un emploi ou en mettant fin à leur contrat quand elles refusaient d'obtempérer. Ces faits se seraient produits entre 2018 et 2020.
Selon l'enquête, les similitudes dans les récits faits par plusieurs femmes laissent à penser que la pratique était très répandue.
L'Unicef a indiqué qu'il avait dépêché du personnel supplémentaire pour aider à l'enquête sur le terrain et promis de travailler de concert avec les autres agences de l'ONU impliquées ainsi que les ONG sur le terrain.
"Nous avons zéro tolérance pour l'exploitation et les abus sexuels et nous prenons toutes accusations très au sérieux et il y a aura de sérieuses conséquences pour tout membre du personnel qui auraient abusé sexuellement des gens", promet l'organisation. L'Unicef appelle les victimes à se faire connaître et affirme avoir mis en place depuis deux ans un système sûr pour que femmes et enfants puissent dénoncer ces actes en toute sécurité, mais aussi une formation obligatoire pour sensibiliser à ce sujet.
"Une atteinte insupportable à la confiance dans ceux qui ont pour mandat d'apporter du réconfort"
"Il est clair que cela ne suffit pas et nous devons faire plus, surtout au niveau des communautés", reconnaît l'organisation, qui ne donne pas de précision sur le nombre d'employés accusés d'avoir perpétré ces abus.
L'OIM avait indiqué qu'elle allait immédiatement mener l'enquête sur l'un de ses employés contre lequel ont été porté "de sérieuses accusations". "Ces abus par des employés de l'ONU et d'autres travailleurs humanitaires sont une atteinte insupportable à la confiance dans ceux qui ont pour mandat d'apporter du réconfort, souvent dans des conditions humanitaires très difficiles", avait souligné l'OIM, qui a aussi promis d'améliorer la façon dont les victimes peuvent rapporter ces abus, reconnaissant qu'elles ont parfois "hésité à se confier" de peur de s'exposer à des représailles.
La République démocratique du Congo combat une nouvelle épidémie d'Ebola, la onzième à toucher le pays, et qui a provoqué 50 morts depuis juin. La précédente avait provoqué 2 287 morts pour 3 470 cas entre août 2018 et juin 2020. Un milliard de dollars ont été investis pour lutter contre cette épidémie.
Seule l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, en 2013-2016, avait fait plus de victimes (plus de 11 000 pour quelque 29 000cas confirmés).
Avec AFP