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Lesbos : des affrontements éclatent entre policiers et migrants, après l'incendie du camp de Moria

La police a tiré samedi du gaz lacrymogène contre des migrants qui leur lançaient des pierres, sur l'île grecque de Lesbos, lors d'une manifestation, après les incendies qui ont détruit le camp de Moria.

La colère monte sur l'île de Lesbos. La police grecque a usé, samedi 12 septembre, de gaz lacrymogènes face à une manifestation violente de migrants, à la rue depuis l'incendie du camp de Moria sur l'île.

Alors que les autorités locales tentent depuis vendredi de mettre en place des solutions d'urgence, avec des milliers de tentes dans un grand champ clôturé, les migrants, eux, disent leur ras-le-bol de ce camp sordide où ils attendent depuis des mois, certains depuis des années, d'être transférés.

L'incendie, apparemment volontaire, a laissé plus de 11 000 personnes, dont des milliers d'enfants, sans abri depuis le début de la semaine, dormant dans les rues ou sur les routes, dans des conditions particulièrement difficiles.

Samedi, avec la tension à son comble, des centaines d'entre eux, dont de nombreux hommes jeunes, ont manifesté non loin du nouveau camp temporaire, avec des pancartes clamant "Liberté !" ou encore "Nous voulons quitter Moria".

Des affrontements ont éclaté quand les manifestants ont jeté des pierres, les policiers leur répondant par du gaz lacrymogène. Plusieurs personnes ayant du mal à respirer ont été emmenées en ambulance. 

Depuis plusieurs jours, "des milliers de gens dorment à la dure sur les collines autour de Moria et dans les rues, et la tension entre les habitants de l'île, les demandeurs d'asile et la police augmente", a souligné samedi l'ONG Human Rights Watch.

Trente-cinq personnes positives au Covid-19

Ces derniers jours, de nombreux migrants se sont répandus dans les rues, les routes ou les champs, utilisant ce qu'ils trouvaient pour s'abriter du soleil brûlant, branches d'arbres pour y accrocher une bâche, roseaux ou grandes herbes pour se ménager un abri, certains trouvant refuge sous les arbres du cimetière. Et les groupes locaux d'aide ont eu du mal à leur procurer eau et nourriture.

Le camp de Moria, le plus important d'Europe, depuis longtemps critiqué par les Nations unies pour son surpeuplement et ses conditions sanitaires déplorables, a brûlé lors de cinq incendies successifs mardi soir et mercredi.

Les autorités accusent les migrants d'avoir mis le feu. Peu de temps avant le premier incendie, 35 personnes avaient été testées positives au Covid-19 et allaient être placées en isolement.

Le camp provisoire de tentes devrait ouvrir samedi après-midi avec une capacité de 3 000 personnes, a annoncé le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi, ajoutant que "des tests rapides pour le coronavirus seront effectués à l'entrée".

La population locale en colère

Le porte-parole du ministère, Alexandros Ragavas, a précisé que les plus vulnérables seraient les premiers à être relogés. Mais la population locale ne voit pas forcément d'un bon œil la construction de nouveaux camps.

Le maire a immédiatement déclaré que les efforts pour construire des camps temporaires étaient "irréalistes", et des habitants ont tenté de bloquer leur construction avec des barrages. "

"L'idée de reconstruire ce genre de choses doit être oubliée", a déclaré vendredi à la télévision Antenna TV le maire de la ville de Mytilene, Stratis Kytelis. "La société de l'île n'en peut plus […] pour des raisons de santé, de cohésion sociale et de sécurité nationale", a-t-il ajouté.

Une aide européenne limitée

Les images de centaines de familles à la rue ont poussé plusieurs pays européens à proposer d'accueillir quelques centaines de demandeurs d'asile, particulièrement des mineurs non accompagnés. 

Mais la Grèce se plaint depuis longtemps que ses partenaires européens ne font pas grand-chose d'autre pour l'aider face à l'afflux de migrants que de verser des fonds.

Tous les efforts pour établir un système de quotas, par lequel chaque pays accueillerait une partie des migrants, ont échoué, notamment face à l'opposition de gouvernements de droite comme ceux de Pologne ou de la Hongrie.

 Avec AFP