Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à Paris son homologue ivoirien Alassane Ouattara, qui a récemment annoncé briguer un troisième mandat controversé à la présidentielle du 31 octobre.
Les présidents français et ivoiriens ont déjeuné ensemble au palais de l'Élysée, deux semaines après l'investiture d'Alassane Ouattara, 78 ans, par son parti pour être son candidat à la présidentielle. Un repas à l'issue duquel ni Emmanuel Macron, ni Alassane Ouattara n'ont fait aucun commentaire, le chef de l'État ivoirien se contentant de poster des photos de cette rencontre sur les réseaux sociaux.
Ce vendredi 4 septembre 2020, j’ai eu un déjeuner de travail avec mon homologue français, @EmmanuelMacron. pic.twitter.com/hCN0ZUEstD
— Alassane Ouattara (@AOuattara_PRCI) September 4, 2020Emmanuel Macron ne s'est pas, jusqu'à présent, publiquement exprimé sur le revirement de son homologue ivoirien, qui avait annoncé en mars sa décision de renoncer à briguer un troisième mandat. Il a changé d'avis en août après le décès d'un infarctus de son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, qu'il avait fait investir comme candidat de son parti.
"Les deux chefs d'État ont fait un tour d'horizon de la situation économique et politique de la Côte d'Ivoire", a indiqué la présidence ivoirienne dans un communiqué. "Ils ont noté la nécessité de maintenir la paix et la stabilité retrouvées. Dans ce cadre, l'élection présidentielle du 31 octobre 2020 doit contribuer, selon eux, à raffermir cette paix et cette stabilité", selon le texte.
La présidence ivoirienne précise aussi qu'Alassane Ouattara a notamment "remercié" le président Macron "pour l'assistance de la France dans la lutte contre le terrorisme ainsi que pour son appui dans le cadre de l'assistance électorale, gage de la confiance de la France quant au processus en cours".
Les deux hommes devaient également s'entretenir de la crise au Mali après le coup d'État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août.
Un climat politique tendu
Avant cette rencontre, deux opposants avaient demandé à la France de réagir à la candidature du président ivoirien à un troisième mandat.
L'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro, candidat déclaré malgré son exil en France et une condamnation par la justice ivoirienne, a dénoncé dans une lettre ouverte le "silence assourdissant" de la France, estimant que celui-ci était "incompréhensible et (...) vaudrait complicité"
Pascal Affi N'Guessan, arrivé deuxième au scrutin de 2015 et à nouveau candidat à la présidentielle du 31 octobre, a lui exhorté le président Macron à sortir du "silence" et à "ne pas cautionner le coup de force institutionnel" perpétré selon lui par Alassane Ouattara.
L'annonce de la candidature du président sortant a provoqué des manifestations qui ont dégénéré et entraîné une quinzaine de morts. Et le chercheur François Patuel, spécialisé sur l'Afrique, a affirmé à France 24 que des milices avaient été signalées dans certaines villes du pays, laissant craindre de nouvelles violences.

Comme la précédente, la Constitution de 2016 limite à deux les mandats présidentiels. Mais les partisans d'Alassane Ouattara affirment que le changement de Constitution a remis le compteur à zéro, alors que ses adversaires jugent cette candidature anticonstitutionnelle.
La commission électorale indépendante (CEI) de Côte d'Ivoire a annoncé jeudi avoir reçu 44 dossiers de candidature, dont ceux de Laurent Gbagbo, toujours en Belgique, et de Guillaume Soro, qui réside en France. Elle assure les avoir transmis au Conseil constitutionnel, qui a désormais 15 jours pour divulguer la liste des candidatures validées mais peut le faire avant.
La France s'inquiète d'une montée de la tension en Côte d'Ivoire dix ans après la crise post-électorale qui avait fait 3 000 morts, après le refus du sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara.
Avec AFP