Si la première concertation prévue sur le transfert des pouvoirs n'a pas eu lieu comme prévu samedi, des militaires de la junte et une délégation du M5-RPF se sont retrouvés en petit comité dans la soirée pour apaiser les tensions. De son côté, Paris a appelé à une "transition rapide", de peur que cela ne "profite aux terroristes".
Ce fut une première prise de contact plutôt compliquée. La transition promise par la junte qui a pris le pouvoir au Mali a tourné court, samedi 29 août, avant même d'être lancée. Les partis, les organisations de la société civile et d'anciens groupes rebelles étaient conviés à Bamako pour échanger, mais le Mouvement du 5-Juin RPF en était initialement exclu.
Or, c'est cette coalition de chefs religieux et de membres de l'opposition et de la société civile qui a mené pendant des mois la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta. Cette mise à l'écart a provoqué la colère des leaders du mouvement, qui ont accusé la junte de chercher à "confisquer" le changement. La junte, qui se fait appeler "Comité national pour le salut du peuple" (CNSP), a donc annoncé à la dernière minute le report de la rencontre, invoquant "des raisons d'ordre organisationnel".
Toutefois ans la soirée, une rencontre a finalement eu lieu en petit comité, entre les militaires du CNSP et une délégation du M5-RPF à Kati, fief de la junte au pouvoir. Objectif : repartir sur de bonnes bases.
"Il faut être patients"
L'ancien Premier ministre Moussa Mara qui a tenu à minimiser les tensions, appelle à la patience. "On peut le comprendre, nous sommes dans une période difficile, il y a beaucoup de pression", a-t-il commenté au micro de France 24. Il faut être patients".
Onze jours après le coup d'État qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, et face aux pressions régionales et internationales, la junte a promis de rendre les clés du pouvoir aux civils au terme d'une période dont la durée n'a pas été fixée.
Paris craint que la situation ne profite aux terroristes
La France a appelé dimanche la junte militaire à organiser "rapidement" une transition vers un pouvoir civil au Mali, l'avertissant que cela profiterait sinon aux "terroristes" qui sévissent dans le pays. "Il faut que cette transition se fasse rapidement (...) car si cela ne se faisait pas, alors le risque c'est que tout cela profite d'abord aux terroristes", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly. Paris est activement engagée dans la lutte antijihadiste dans le Sahel.
Vendredi, la communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a accentué la pression sur les militaires en exigeant un retour du pouvoir civil d'ici 12 mois, condition à une levée des sanctions.
De son côté, l'imam Mahmoud Dicko, figure centrale du mouvement de contestation avant la prise de pouvoir de la junte, et soutien des putschistes, a mis en garde les militaires. Il leur a demandé de tenir leur engagement du changement, tout en refusant de leur donner "un chèque en blanc".