Le parti dominant au Monténégro a remporté d'une courte tête les législatives, selon les résultats officiels publiés lundi, mais il pourrait perdre le pouvoir pour la première fois en trois décennies si l'opposition parvenait à s'unir.
Les Monténégrins se sont rendus aux urnes, dimanche 30 août, pour des élections parlementaires à l'occasion desquelles le parti du président Milo Djukanovic, au pouvoir depuis trois décennies, a obtenu une légère avance.
Après dépouillement de 98 % des bulletins, le Parti démocratique des socialistes (DPS), la formation pro-occidentale du président Milo Djukanovic, a obtenu 35 % des voix. La principale alliance de l'opposition pro-serbe a recueilli 32,5 % des suffrages, devant deux autres partis de l'opposition (12,5 et 5 % des voix), selon la Commission électorale.
Une heure avant la fin du vote, le taux de participation était proche de 75 %, contre 71 % lors des précédentes élections, en 2016, selon les données de la commission électorale.
Le PDS face à une alliance de partis nationalistes serbes
Le résultat du scrutin déterminera l'avenir politique du président Djukanovic qui dirige le Monténégro depuis la désintégration de la Yougoslavie en 1990.
Résolument pro-occidental, Milo Djukanovic a présidé aux efforts du pays pour se porter candidat à l'Union européenne et a joué un rôle clef dans son intégration au sein de l'Otan en 2017.
L'élection oppose le PDS à une alliance constituée principalement de partis nationalistes serbes, "Pour le futur du Monténégro", qui plaide pour resserrer les liens du pays avec la Serbie et la Russie.
Emmenée par le professeur universitaire Zdravko Krivokapic, l'alliance a la soutien de la puissante Église orthodoxe serbe, qui organise des manifestations quotidiennes contre une loi adoptée en décembre dernier autorisant la saisie par l'État de biens religieux dont l'appartenance ne peut pas être prouvée.
Les Monténégrins qui s'identifient comme Serbes représentent environ un tiers des 620 000 habitants du pays.
En 2016, une tentative de renverser le gouvernement
Lors des précédentes élections de 2016, les autorités avaient déjoué une tentative par des agents russes et un groupe de nationalistes serbes visant à renverser le gouvernement, assassiner Milo Djukanovic et mettre un coup d'arrêt au processus d'accession à l'Otan.
Moscou a plusieurs fois nié toute implication, qualifiant ces accusations d'"absurdes". Des dirigeants de l'opposition et des organisations de défense des droits de l'homme et de la démocratie accusent Milo Djukanovic et son parti de diriger le pays comme leur propre fief avec des liens avec le crime organisé.
Ces derniers rejettent ces accusations et Milo Djukanovic, qui remettra son mandat de président en jeu en 2023, accuse la Russie et la Serbie d'utiliser l'Église et l'opposition pro-serbe pour remettre en question l'indépendance du pays.
Avec Reuters