Décalé pour cause de Covid-19, le Tour de France s'est élancé de Nice samedi. Qui succèdera à Egan Bernal, vainqueur en 2019 ? Tour d'horizon des coureurs à surveiller.
Le départ de l'édition 2020 du Tour de France a été donné, samedi 29 août, pour cette édition fortement perturbée par la pandémie de Covid-19. Un Tour sous haute surveillance, sans public au départ, avec interdiction de stationner dans les cols pour les spectateurs qui devront tous porter un masque, et seront privés cette année de selfies et d'autographes de coureurs. Les 176 coureurs des 22 équipes devront porter le masque dans les zones de départ et d'arrivée. Avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, puisque si deux membres d'une équipe, encadrement inclus, sont positifs au Covid-19, elle sera purement et simplement exclue, a annoncé samedi le directeur du Tour Christian Prudhomme.
Pendant trois semaines, les coureurs rivaliseront sur les routes et dans les cols de l'Hexagone pour s'emparer du maillot jaune de meilleur coureur. Le parcours étant particulièrement montagneux, un trio de favoris se dégage : Egan Bernal, Primoz Roglic et Thibaut Pinot. Sans oublier les nombreux outsiders.
• Egan Bernal, vainqueur du Tour 2019
Vainqueur l'an dernier, Egan Bernal est naturellement candidat à sa propre succession. Le pur grimpeur qu'il est ne peut qu'apprécier le parcours concocté par l'organisation ASO, qui offre 10 étapes de moyenne ou haute montagne. Cependant, le jeune Colombien serait diminué. Il a dû quitter le Criterium du Dauphiné en raison d'une blessure au dos mi-août. Et son équipe, Ineos Grenadier, est apparue moins dominatrice que par le passé depuis la reprise de la saison. Au dernier moment, elle a décidé de se passer des services de Christopher Froome et Geraint Thomas, cinq Grandes Boucles à leurs deux actifs, pour faire de la place à sa jeune garde : Richard Carapaz et Pavel Sivakov. De quoi remettre en cause la suprématie Ineos sur le Tour, alors qu'un coureur de la formation a remporté sept des huit dernières éditions ?
• Primoz Roglic : l'ultra-favori
Actuel numéro un mondial, vainqueur l'an passé du Tour d'Espagne, le coureur slovène Primoz Roglic arrive sur les routes du Tour de France dans la peau du favori. Son équipe, la Jumbo-Visma, a investi massivement pour l'entourer d'une équipe de qualité. SI Steven Kruiswijk (troisième l'an dernier) est finalement forfait, le champion de Slovénie pourra tout de même compter sur Tom Dumoulin, George Benett, le prodige américain Sepp Kuss et le rouleur Wout Van Aert pour l'emmener vers la victoire. Une équipe si impressionnante que le principal danger pourrait venir de là. Son coéquipier Tom Dumoulin rêve également du maillot jaune : "C'est Primoz et moi pour le général", a-t-il récemment averti.
• Thibaut Pinot : la meilleure chance française
Et si 2020 était la bonne année pour Thibaut Pinot ? Après une édition 2019 frustrante où une blessure à la cuisse l'avait contraint à l'abandon, alors qu'il semblait s'envoler vers un podium ou la victoire, le Français revient déterminé sur la route du Tour. Avec David Gaudu, Valentin Madouas, Rudy Molard, Sébastien Reichenbach, son équipe, la Groupama-FDJ, lui a adjoint une garde rapprochée de qualité pour l'emmener en montagne. L'organisation semble avoir conçu le parcours pour lui avec en point d'orgue ce contre-la-montre dans la Planche des Belles Filles – qu'il connaît par cœur. Cependant, le Français est un habitué des coups du sort. Espérons que les étoiles s'alignent enfin pour offrir un vainqueur français au Tour pour la première fois depuis Bernard Hinault, en 1985.
• Tom Dumoulin : calife à la place du calife ?
Tom Dumoulin restera-t-il dans l'ombre de Primoz Roglic ? Entre son expérience et sa régularité dans les grands tours, Tom Dumoulin revendique le co-leadership de cette équipe Jumbo-Visma qui pourrait tout aussi bien l'emmener vers la victoire. Cependant, quelques incertitudes demeurent, à commencer par son état de santé après une chute qui l'aura tenu éloigné de la compétition pendant plus d'un an. Et le col de la Loze de la 17e étape, et ses pentes irrégulières, pourrait marquer la fin des ambitions de celui qui est davantage un rouleur qu'un grimpeur.
• Nairo Quintana et son vieux rêve jaune
L'air breton semble faire des merveilles sur Nairo Quintana. Depuis qu'il a délaissé le pavillon espagnol de la Movistar pour celui breton d'Arkea-Samsic, le coureur colombien semble libéré d'un poids. Avant l'interruption de la saison en raison du Covid-19, il était le coureur le plus en vue avec cinq victoires en 16 jours de course. Diminué par une blessure juste avant la reprise, il semble désormais moins en jambes mais il restera un coureur à surveiller d'autant qu'il confiait début juillet à France 24 ne jamais avoir renoncé à "son rêve jaune".
• Tadej Pogacar : le prodige slovène
Un Slovène peut en cacher un autre. À 21 ans, le jeune coureur a déjà tout d'un grand. L'an passé, il s'est révélé sur la Vuelta, où il est monté sur la troisième marche du podium et a remporté trois étapes. Et si ce jeune prodige de la formation UEA était la surprise du Tour ? Comme l'a prouvé Egan Bernal l'an passé, le jeune âge n'est plus une excuse. Il faudra cependant voir si le grimpeur slovène parvient à faire preuve de régularité tout au long des trois semaines.
• Guillaume Martin : en forme pour son quatrième Tour
À 27 ans, le Français Guillaume Martin s'élance pour son quatrième Tour de France dans ce qui semble être la forme de sa vie. Troisième du Mont Ventoux Dénivelé Challenges et du Critérium du Dauphiné, le Normand a multiplié les bonnes performances depuis la reprise et s'est montré capable de suivre les favoris, voire de les attaquer. Lui qui dispose d'un master de philosophie saura-t-il cultiver l'esprit de la gagne ?
• Miguel Angel Lopez : "Superman" à la conquête des sommets
Troisième du Giro et de la Vuelta en 2018, le Colombien va disputer son premier Tour de France. Comme Thibaut Pinot, “Superman” a une carte à jouer sur un parcours très montagneux et dont l'unique contre-la-montre est en réalité une course de côtes.
• Romain Bardet : la quête du succès pour sa dernière année chez AG2R
La pandémie a ramené l'Auvergnat vers le Tour, lui qui voulait courir cette année le Giro. Moins attendu après son recul de l'année passée (15e), il sera moins marqué par les favoris qu’en 2019 pour aller chercher des succès d'étape. Et plus si affinités pour son dernier Tour sous le maillot de son équipe de toujours, AG2R La Mondiale
• Julian Alaphilippe assure ne pas viser le classement général
Un an après les "émotions inoubliables" de son Tour de France en jaune, Julian Alaphilippe assure ne pas être "venu pour le classement général" cette année. Pourtant, s'il joue bien ses cartes, il pourrait se retrouver en jaune à l'issue de la 2e étape qui correspond à ses qualités de puncheur. De là à s'offrir une nouvelle épopée jaune en 2020 ? Difficile à croire au vu du parcours montagneux qui le dessert.
Il faudra également les surveiller...
À cette liste déjà longue de coureurs, il faut également ajouter les Colombiens de la Education-First, Rigoberto Uran et Daniel Martinez, Emanuel Buchmann de la Bora-Hansgrohe ou encore Richard Carapaz, vainqueur du Giro 2019, et qui découvrira les routes du Tour cette année.