
Le président américain a reçu, ce mardi, des représentants du Congrès pour faire le point sur la situation en Afghanistan. Il doit prochainement décider s'il va ou non répondre à la demande de l'armée d'envoyer des renforts sur le terrain.
AFP - Le président américain Barack Obama recevait mardi les représentants du Congrès, de plus en plus impatients de le voir trancher entre les différentes options qu'il examine en Afghanistan, et de prendre une décision sur les effectifs qui fera de toute façon des mécontents.
Devant l'alarmante dégradation en Afghanistan, M. Obama doit opérer l'un des choix les plus importants de sa présidence, et, dans tous les cas, les risques sont considérables.
Accéder à la demande de renforts de son commandant sur le terrain, le général Stanley McChrystal, c'est engager une périlleuse escalade et heurter la gauche antimilitariste.
Et s'il la décline ou s'il transige, non seulement il ira à l'encontre de ses généraux, mais il devra assumer les conséquences d'un éventuel échec.
Avant de se rendre à la Maison Blanche, les plus hauts responsables du Congrès ont remémoré à M. Obama l'acuité de son dilemme.
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, démocrate comme M. Obama, a rappelé que l'opposition allait grandissant dans l'opinion à une guerre vieille de huit ans et n'offrant aucune perspective de fin: "l'inquiétude est très forte quant à un engagement total", a-t-elle dit à la chaîne PBS.
Au contraire, pour l'adversaire de M. Obama à la présidentielle, le républicain John McCain, la stratégie que préconise le général McChrystal et qui pourrait requérir jusqu'à 40.000 soldats supplémentaires est "la même qui a marché en Irak après l'échec de la même stratégie que celle défendue aujourd'hui par le vice-président et d'autres".
M. Obama n'a donné jusqu'ici aucune indication sur son inclination: entre les plans du général McChrystal, ceux qui auraient les faveurs du vice-président Joe Biden ou bien un compromis.
M. Biden passe pour défendre une stratégie moins exigeante en hommes sur le terrain, se concentrant davantage sur Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan voisin que sur les talibans et recourant plus aux frappes aériennes et aux opérations ciblées.
Ce type de raisonnement veut qu'Al-Qaïda ait été diminué en Afghanistan, qu'il soit beaucoup plus menaçant au Pakistan et que les talibans n'aient pas forcément l'intention de permettre à l'organisation de reconstituer en Afghanistan un repaire d'où tramer des attentats comme ceux du 11-Septembre.
Grâce à une "pression sans relâche", la direction d'Al-Qaïda a essuyé des "pertes majeures", a dit M. Obama plusieurs heures avant de recevoir les parlementaires. Cependant, il continue à oeuvrer dans "différents coins du globe", a-t-il dit en citant le Pakistan, mais pas l'Afghanistan.
Mme Pelosi a signifié qu'elle se rendait au rendez-vous avec M. Obama avec l'espoir d'en savoir plus sur ses intentions.
Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a cependant laissé entendre qu'il s'agissait surtout pour le président d'écouter et de répondre aux questions de ceux qui devront se prononcer sur le financement de la nouvelle stratégie.
Mais M. Obama, qui doit sa présidence pour une part à son opposition à la guerre en Irak, se déterminera en fonction "de ce qu'il croit être dans le meilleur intérêt du pays", a dit M. Gibbs.
Les affaires de M. Obama sont compliquées par l'attitude très publique du général McChrystal. Une réduction du déploiement relèverait d'une stratégie "à courte vue", a dit le général, des propos communément interprétés comme une critique du vice-président.
Selon M. Gibbs, la décision de M. Obama devrait prendre encore plusieurs semaines.
Les effectifs américains en Afghanistan approchent les 68.000, soit environ les deux tiers des soldats étrangers déployés dans le pays.