L'Olympique Lyonnais de Rudi Garcia fait face à l'ogre du Bayern Munich mercredi en demi-finale de Ligue des champions. Un duel franco-allemand qui aura un air de revanche, à plus d'un titre.
L'Olympique Lyonnais va-t-il aller pour la première fois de son histoire en finale de Ligue des champions ? Sur sa route se dresse un obstacle de taille, le Bayern Munich, grand favori de la compétition. Pas de quoi faire peur à la bande de Memphis Depay, qui a déjà fait trébucher la Juventus Turin de Cristiano Ronaldo en huitièmes et le Manchester City de Pep Guardiola en quarts.
Cette deuxième demi-finale franco-allemande, disputée mercredi 19 août après celle entre le RB Leipzig et le PSG remportée mardi par ce dernier, est une opposition de styles entre le froid réalisme allemand qui a broyé le FC Barcelone au tour précédent et l'épopée romantique de Lyon.
L'historique rivalité franco-allemande
Dès qu'une équipe française doit affronter une équipe allemande, l'antienne de la revanche revient. Revanche d'un soir de 1982 à Séville : quand, lors de la demi-finale de Coupe du monde, l'équipe de France est éliminée après l'agression non sanctionnée de Patrick Battiston par le gardien allemand Harald Schumacher. Un "traumatisme français", comme aime le rappeler la presse sportive à chaque nouvel affrontement entre les deux pays.
Un match contre un club allemand serait aussi l'occasion de conjurer le sort de 1976, connu sous le nom des "poteaux carrés de Glasgow". Ce jour de printemps, les Verts de Saint-Étienne sont battus en finale de la Coupe des clubs champions – ancêtre de la Ligue des champions. À écouter les Stéphanois, si les poteaux avaient été ronds, le tir de Bathenay et la tête de Santini leur auraient offert la victoire.
Les célèbres poteaux carrés de la finale de Glasgow ont quitté Hampden Park. Direction : le futur musée des Verts pic.twitter.com/n7cb2hol5n
— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) October 24, 2013Le Bayern, bourreau de Lyon en 2010
Las. Aucun des 22 joueurs qui s'affrontent mercredi n'était né à cette époque et les nouvelles générations sont passées à autre chose. Les sélectionneurs des deux équipes nationales, Didier Deschamps et Joachim Low, ont enterré la hache de guerre : "Nous entretenons un rapport de rivalité sportive, mais aussi un rapport de fraternité", explique ainsi l'entraîneur des champions du monde.
Plutôt que de chercher la motivation dans l'histoire lointaine des rapports entre les deux nations, Rudi Garcia devrait plutôt puiser dans l'histoire récente des deux clubs. En effet, en 2010, lors de la seule demi-finale de Ligue des champions de son histoire, c'est le Bayern Munich qui avait sorti Lyon de la compétition continentale.
Battus à l'aller à Munich 1 à 0, les Lyonnais étaient passés totalement à côté de leur match à Gerland. Les Bavarois avaient alors impressionné par leur puissance, leur maîtrise du match et surtout leur réalisme : le Croate Ivica Olic avait inscrit un triplé en cinq petits tirs cadrés. "L’OL est une grande équipe et les grandes équipes ne meurent jamais", avait alors lâché Jean-Michel Aulas.
Dix ans plus tard, l'histoire lui donne raison puisque ses joueurs ont l'occasion de venger l'affront de 2010 et, comme contre la Juventus Turin et Manchester City, de déjouer les pronostics alors que le quotidien allemand Bild promet déjà une "démolition" de l'OL.
Une revanche personnelle de Rudi Garcia
Moqué, honni, sifflé lors de l'annonce de son nom dans le stade, l'entraîneur lyonnais Rudi Garcia peut déjà savourer sa revanche personnelle après les récents exploits de ses joueurs, même s'il s'en défend : "Il faut donner le meilleur de soi-même, comme partout où je suis passé et ici en particulier. On préfère être aimé et si ce n'est pas le cas, ce qui compte, c'est d'être bien avec ses dirigeants, ses joueurs et son staff. Et là, franchement, je suis en train de vivre beaucoup de bonheur. Il est par procuration, le bonheur d'un coach", expliquait-il après la qualification contre Manchester City.
Le coach @RudiGarcia est revenu sur la victoire de ce samedi soir face à Manchester City. ???? #ManCityOL
Il est notamment revenu sur la solidarité de ses joueurs !
Pour voir l'intégralité ???? https://t.co/SLWuBr9FUN pic.twitter.com/33vnVz2JA3
Sa nomination en octobre 2019 pour remplacer l'éphémère Sylvinho alors que l'OL était 14e en Ligue 1 avait suscité des réactions furieuses d'une frange de supporters enflammant la toile et les réseaux sociaux. Et ce avant même qu'elle ne soit officielle. Une inimitié née des attaques répétées de Rudi Garcia contre l'OL lors de sa période marseillaise (2016-2019) et que les résultats de l'OL en championnat n'ont pas contribué à apaiser : à l'arrêt de la saison française, Lyon pointait à une timide 7e place, privant le club de compétition européenne pour l'exercice 2020-2021 sauf victoire miraculeuse en Ligue des champions.
@OL @PSG_inside C’est une revanche pour le football français qui mérite 4 qualifiés en CL et 2 en ELigue c’est mon prochain combat uni avec Nasser ... #TousUnisOL
— Jean-Michel AULAS (@JM_Aulas) August 15, 2020Avec son parcours jusqu'en demi-finale, le technicien français fait taire les critiques des supporters qui le dépeignaient en clown. Et donne raison à son président, Jean-Michel Aulas, qui l'a toujours défendu bec et ongles.
"Rudi est un garçon qui fait bien son travail, on l'avait identifié pour redresser cet Olympique Lyonnais qui a des moyens mais qui ne réussissait pas. Il a su le faire avec humilité, quelquefois avec un peu de difficulté parce que ce n'est pas un communiquant qui va chercher de la reconnaissance a priori", a réagi Jean-Michel Aulas après la victoire sur City. "Il fait d'abord son travail et fait en sorte que ça lui permette de trouver cette reconnaissance. Ce n'est donc pas une revanche, c'est simplement l'évolution vers ce que nous avons souhaité quand on a lui a confié les clés avec (le directeur sportif) Juninho qui a été déterminant. Il l'a soutenu dans les moments difficiles."
"C'est une confirmation pour moi, et j'en suis très heureux pour lui, car c'est un entraîneur qui mérite de la reconnaissance", a-t-il conclu, se projetant vers la demi-finale face au Bayern : "On va tomber contre le favori de cette compétition."
Un favori qui a laissé plus d'un mauvais souvenir à Rudi Garcia par le passé. Le Bayern Munich n'a jamais réussi à l'entraîneur français en Ligue des champions. Quatre défaites en autant de confrontations. Au total, ses équipes ont marqué seulement deux buts, contre 16 encaissés et deux humiliations : un 6-1 à Munich alors qu'il dirigeait Lille et une raclée (7-1) encaissée à domicile lors de son passage sur le banc de l'AS Roma. Là aussi, Rudi Garcia a une revanche à aller chercher.