Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) rend mardi son jugement dans le procès de quatre hommes, accusés d'avoir participé en 2005 à l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri. La décision intervient deux semaines après l'explosion du 4 août qui a ravagé Beyrouth.
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), soutenu par l'ONU, doit prononcer mardi 18 août son verdict dans le procès de quatre membres du Hezbollah libanais accusés d'avoir participé à l'attaque à la bombe qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri en février 2005. Le jugement, très attendu, doit être rendu deux semaines après l'explosion dévastatrice du 4 août, à Beyrouth.
Le TSL, basé aux Pays-Bas, avait reporté la lecture du verdict, initialement prévue le 7 août, "par respect pour les innombrables victimes" de l'explosion dévastatrice trois jours plus tôt au port de la capitale libanaise, qui a fait au moins 177 morts et plus de 6 500 blessés.
Les juges du TSL prononceront leur décision en l'absence des suspects, tous membres présumés du mouvement chiite Hezbollah : aucun des accusés n'ayant été remis au tribunal, ils sont jugés par contumace, plus de 15 ans après l'attentat dans le centre de Beyrouth qui avait causé la mort de Rafic Hariri et de 21 autres personnes.
Selon son équipe, Saad Hariri, fils de Rafic Hariri et également ancien Premier ministre libanais, assistera à l'annonce du verdict prévue à 11 h (9 h GMT) à Leidschendam, près de La Haye. Dans un communiqué fin juillet, il a déclaré espérer que la lecture du jugement "sera un jour de vérité et de justice pour le Liban", affirmant qu'il n'a "jamais perdu espoir dans la justice internationale".
L'assassinat "avait un but politique"
Rafic Hariri, Premier ministre jusqu'à sa démission en octobre 2004, a été tué en février 2005, lorsqu'un kamikaze a fait sauter une camionnette remplie d'explosifs au passage de son convoi blindé sur le front de mer de Beyrouth, faisant 226 blessés.
Sa mort, dans laquelle quatre généraux libanais pro-Syriens ont été dans un premier temps accusés d'être impliqués, avait déclenché à l'époque une vague de manifestations. Cela a ensuite entraîné le retrait des troupes syriennes après près de 30 ans de présence au Liban.
Au cours du procès, l'accusation a martelé que l'assassinat de Rafic Hariri "avait un but politique", arguant que le milliardaire sunnite "était perçu comme une grave menace par les pro-Syriens et pro-Hezbollah".
Le Hezbollah, allié du régime syrien et de l'Iran, a toutefois rejeté toute responsabilité et a déclaré ne pas reconnaître le TSL.
Les Libanais "ont d'autres problèmes"
Mis en place après une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, le tribunal "a été très largement contesté", les Libanais restant "profondément divisés" à son sujet, selon Karim Bitar, professeur en relations internationales à Paris et Beyrouth. Mais ils "ont tellement d'autres problèmes qu'ils ont tendance à regarder ça avec un haussement d'épaules, à l'exception de ceux qui sont directement concernés", avait-il expliqué à l'AFP quelques jours avant la double déflagration sur le port de Beyrouth.
Ces derniers jours, des milliers d'habitants ont manifesté leur colère contre les autorités après l'explosion déclenchée par un incendie dans un entrepôt abritant depuis six ans quelque 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium.
La catastrophe a entraîné la démission du gouvernement libanais, alors que le pays est plongé depuis des mois dans une très grave crise économique.
Possible appel
Le principal suspect dans l'affaire, Salim Ayyash, 56 ans, est accusé d'"homicide intentionnel" et d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque. Deux autres hommes, Hussein Oneissi, 46 ans, et Assad Sabra, 43 ans, sont notamment poursuivis pour avoir enregistré une fausse cassette vidéo qui revendiquait le crime au nom d'un groupe fictif. Le dernier suspect, Hassan Habib Merhi, 54 ans, fait également face à plusieurs chefs d'accusation, tels que complicité de perpétration d'un acte de terrorisme et complot en vue de commettre cet acte.
S'ils sont reconnus coupables, les quatre accusés dans l'assassinat de Rafic Hariri risquent la prison à perpétuité. Les peines seront prononcées à une date ultérieure, et l'accusation, comme la défense, peuvent faire appel du jugement.
Moustafa Badreddine, le principal suspect décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, est mort depuis et n'a donc pas été jugé.
L'année dernière, le TSL a ouvert une affaire distincte en accusant l'un des suspects, Salim Ayyash, de trois autres attentats contre des hommes politiques en 2004 et 2005.
Avec AFP