Souhaitant prolonger l'embargo sur les armes en Iran, le président américain Donald Trump a déclaré samedi vouloir utiliser un "snapback", un mécanisme controversé pour parvenir à ses fins. Vendredi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait rejeté une résolution américaine ayant pour objectif de prolonger l'embargo sur les ventes d'armes en Iran.
Le président américain Donald Trump s'est dit prêt samedi 15 août à recourir à un moyen de riposte controversé pour réimposer de façon unilatérale des sanctions de l'ONU sur Téhéran, après le rejet par le Conseil de sécurité d'une résolution américaine visant à prolonger l'embargo sur les armes en Iran.
Après le camouflet subi par Washington, le locataire de la Maison Blanche a promis une réponse sous la forme d'un "snapback", un mécanisme qui est une sorte de droit de veto à l'envers.
"Nous connaissions l'issue du vote, mais nous ferons un 'snapback'. Vous verrez la semaine prochaine", a affirmé Donald Trump.
Les détracteurs de la démarche américaine soupçonnent l'administration Trump de vouloir parvenir avant l'élection présidentielle de novembre aux États-Unis à cette réimposition controversée des sanctions de l'ONU, au risque de plonger le Conseil dans l'une des pires crises diplomatiques de son histoire.
Une possible absence de Donald Trump au prochain sommet
L'Iran a crié victoire après ce rejet des sanctions, qui a déjà des répercussions sur l'accord nucléaire iranien : Donald Trump ne participera "probablement pas" au prochain sommet des cinq membres permanents du Conseil de sécurité avec l'Iran proposé par son homologue russe Vladimir Poutine.
"Je pense que nous allons attendre jusqu'à après l'élection", a affirmé Donald Trump, interrogé sur son éventuelle participation à ce sommet.
Seuls deux des quinze membres du Conseil ont voté vendredi pour la résolution, mettant en exergue les divisions entre Washington et ses alliés européens depuis que le président Donald Trump a retiré unilatéralement les États-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien en mai 2018.
Plusieurs pays pourtant a priori favorables à une prolongation de l'embargo, à l'instar des Européens, ont en effet refusé de jouer le jeu américain.
Une seule voix en faveur de Washington
Téhéran a raillé Washington pour son incapacité à obtenir plus qu'une seule voix de soutien, celle de la République dominicaine. Les alliés européens de Washington se sont tous abstenus.
Pour le président iranien Hassan Rohani, les États-Unis n'ont pas réussi à mettre fin à ce qu'il a appelé l'accord "à moitié vivant" de 2015 avec les grandes puissances qui a permis à l'Iran d'échapper aux sanctions en échange d'une réduction de son programme nucléaire.
"Les États-Unis ont échoué dans cette conspiration, humiliés", a déclaré Hassan Rohani lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision. "À mon avis, ce jour restera dans l'histoire de notre pays et dans l'histoire de la lutte contre l'arrogance mondiale."
"Pendant les 75 ans d'histoire des Nations unies, l'Amérique n'a jamais été aussi isolée", a renchéri le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Abbas Moussavi.
Des répercussions sur l'accord sur le nucléaire iranien
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a lui dénoncé une "grave erreur". "Je regrette que le monde entier ne se soit pas associé à la lutte contre le plus grand État sponsor du terrorisme pour s'assurer qu'il ne puisse pas avoir de systèmes d'armements présentant un risque, un risque pour le cœur de l'Europe", a-t-il déclaré.
The @UN Security Council failed today to hold Iran accountable. It enabled the world’s top state sponsor of terrorism to buy and sell deadly weapons and ignored the demands of countries in the Middle East. America will continue to work to correct this mistake.
— Secretary Pompeo (@SecPompeo) August 14, 2020De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a jugé "scandaleuse" la décision de ne pas renouveler l'embargo. "Au lieu de s'opposer aux ventes d'armes, le Conseil de sécurité les encourage", a-t-il fustigé.
Cette décision devrait poser les jalons d'une longue épreuve de force avec des répercussions sur l'accord international conclu en 2015 pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire.
L'hypothèse d'un "snapback" américain suppose que soit préalablement validé un argument contesté, selon lequel les États-Unis sont toujours des "participants" de l'accord nucléaire, et qu'ils peuvent donc forcer un retour des sanctions s'ils constatent des violations des engagements iraniens.
Avec AFP