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Pour protester contre la répression des manifestations anti-Loukachenko, des milliers de Biélorusses ont formé, jeudi, des chaînes humaines pacifiques à Minsk, la capitale. Les autorités ont de leur côté libéré plus de 1 000 protestataires, alors que la pression internationale s'accentue.

Des chaînes humaines et des marches pacifiques se sont multipliées, jeudi 13 août, en Biélorussie, pour protester contre la violente répression du mouvement de contestation de la réélection du président Alexandre Loukachenko.

Dans les rues de la capitale Minsk, la présence policière était bien moins forte qu'au cours des quatre soirées de protestation précédentes. Cela étant, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies dans la nuit à plusieurs endroits de Minsk, au milieu des klaxons d'automobilistes et des chants. Des rassemblements similaires étaient également signalés dans au moins six autres villes, sans que la police n'intervienne.

Biélorussie : manifestations et chaînes humaines contre la répression

Dans la soirée, les autorités ont annoncé avoir libéré plus de 1 000 manifestants. La présidente du Sénat, Natalia Kotchanova, a affirmé à la télévision publique que ces contestataires avaient été relâchés avec l'obligation de ne pas participer à des rassemblements non autorisés.

À la prison d'Okrestina, à Minsk, des personnes étaient libérées dans la nuit de jeudi par petits groupes, en majorité des femmes. Ces libérations ont donné lieu à de poignantes scènes de retrouvailles, alors qu'au moins 500 proches des détenus attendaient devant les murs de la prison. De nombreux ex-prisonniers avaient le visage abattu et ont refusé de s'exprimer.

De son côté, le ministre de l'Intérieur, Iouri Karaev, a présenté jeudi, à la télévision publique, ses excuses pour les violences commises contre "des passants" et des "gens au hasard" qui n'étaient pas impliqués dans les actions de protestation.

"Menaces de viol"

Depuis dimanche, plus de 6 700 personnes avaient été interpellées officiellement. De nombreux cas de violences policières ont par ailleurs été signalés.

Les chaînes humaines, inaugurées la veille par des dizaines de femmes vêtues de blanc, n'ont pas jusqu'ici déclenché de mesures répressives comparables à celles visant les manifestations nocturnes. "On est contre la violence, les explosions, on est pour des élections honnêtes", explique à l'AFP Nastia, 26 ans, une artiste dans le secteur numérique, participant à un rassemblement dans le centre de la capitale. 

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a rapporté, jeudi, des cas de manifestants "mis à nus, battus et menacés de viol" lors de leur détention dans les prisons du régime.

Plus de 1 000 chercheurs biélorusses ont signé une lettre "contre la violence", tandis que des soignants se sont regroupés devant leurs établissements. Des artistes de la Philharmonie de Minsk ont aussi entonné des chants patriotiques devant le bâtiment l'abritant. Selon des médias de l'opposition, des actions similaires ont eu lieu dans d'importantes usines.

Silence de Svetlana Tikhanovskaïa

Ces mouvements de protestation interviennent après quatre nuits de répression des manifestations contre la réélection dimanche, jugée frauduleuse par les contestataires, de l'homme à poigne de Biélorussie, au pouvoir depuis 26 ans, et officiellement crédité de 80 % des voix. Pour les manifestants, c'est Svetlana Tikhanovskaïa, une novice en politique, qui a gagné, après une campagne ayant suscité une ferveur inédite dans cette ex-république soviétique. Elle ne s'est pas exprimée depuis mardi, après son départ précipité pour la Lituanie. Selon ses partisans, elle a subi des menaces des forces de sécurité.

Dans une déclaration commune, les présidents de la Lituanie, de la Lettonie, de la Pologne et de l'Estonie, toutes voisines de la Biélorussie, ont appelé à la "désescalade" et demandé l'instauration d'un dialogue avec le peuple.

Les États-Unis et l'Union européenne (UE) ont dénoncé les fraudes électorales et la répression, les Européens menaçant Minsk de sanctions.  L'ambassadeur de Biélorussie à Berlin a par ailleurs été convoqué. Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE doit avoir lieu vendredi sur la situation dans ce pays.

Des célébrités ont multiplié les critiques à l'égard des autorités, tandis que plusieurs journalistes de médias d'État ont annoncé leur démission ces derniers jours. Des militaires et des policiers biélorusses à la retraite ou en activité ont en outre anonymement dénoncé la répression, diffusant des vidéos dans lesquelles on les voit jeter galons et insignes.

Avec AFP