Le parquet national antiterroriste français a annoncé, lundi, l'ouverture d'une enquête après la mort de six Français et deux Nigériens près de Kouré, une ville située à une soixantaine de kilomètres de Niamey, la capitale du Niger.
Le parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé, lundi 10 août, avoir ouvert une enquête pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste" après l'attaque dimanche au Niger, qui a fait huit morts dont six Français.
L'enquête "a été confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en co-saisine avec la Sous-direction anti-terroriste (Sdat)", a précisé le Pnat dans son communiqué, sans confirmer le nombre de victimes françaises.
De 25 à 50 ans
"Tous les moyens sont et seront mis en œuvre pour élucider les circonstances de cet attentat meurtrier", a déclaré le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, dans un communiqué. "Nos deux pays demeurent déterminés à poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes au Sahel", rappelle le communiqué du Quai d'Orsay.
Les victimes étaient quatre femmes et quatre hommes âgés de 25 à 50 ans, employés de l'ONG Acted, a déclaré lundi l'organisation humanitaire. Parmi les victimes, figurait un volontaire international qui était basé à Niamey, a indiqué Frédéric Roussel, directeur du développement et cofondateur de l'ONG, lors d'une conférence de presse à Paris. Les autres victimes nigériennes étaient leur guide et leur chauffeur, selon les autorités nigériennes.
Par ailleurs, l'ONG Acted a jugé "déporable" que la communauté internationale ne garantisse pas davantage la sécurité des travailleurs humanitaires déployés dans les pays à risque.
Une attaque "qui a lâchement frappé un groupe de travailleurs humanitaires"
Dès dimanche soir, Emmanuel Macron a dénoncé "l'attaque meurtrière qui a lâchement frappé un groupe de travailleurs humanitaires" et affirmé que "tous les moyens" seront mis en œuvre pour "élucider" les circonstances de cet "attentat", selon un communiqué de la présidence française.
Le chef de l'État, qui s'est entretenu avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, a ajouté que "leur détermination à poursuivre la lutte en commun contre les groupes terroristes au Sahel" demeurait "intacte". Il présidera mardi matin un conseil de défense destiné à faire le point sur les dernières informations disponibles au sujet de cette attaque.
"Je condamne l'attaque terroriste, lâche et barbare perpétrée ce dimanche dans la paisible localité de Kouré", a tweeté pour sa part le président Mahamadou Issoufou, qui a adressé ses condoléances "aux familles des victimes nigériennes et françaises" ainsi qu'"au président Macron dont l'engagement à nos côtés dans la lutte contre le terrorisme est sans faille".
Opérations de ratissage
Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Mali, un pays frontalier du Niger, a également réagi à l'attaque perpétrée, "condamnant énergiquement cet acte barbare (...), récurrent dans notre espace sahélien où continuent de sévir l'extrémisme violent et l'économie criminelle malgré la guerre sans merci livrée par les armées nationales, la force conjointe du G5 Sahel et la force [française] Barkhane".
L'armée nigérienne a quadrillé la zone du crime, une vaste région boisée, survolée par des avions de chasse français. Des agents de la police scientifique ont procédé à des prélèvements tandis que des pompiers ont enlevé les corps.
Les victimes étaient attendues
"L'attaque a eu lieu vers 11 h 30 (10 h 30 GMT) à 6 km à l'est de la localité de Kouré", qui se trouve à une heure de route de Niamey sur la route nationale numéro 1, a expliqué de son côté une source proche des services de l'environnement.
"La plupart des victimes ont été abattues par balles et une femme qui a réussi à s'enfuir a été rattrapée et égorgée. Sur place, on a trouvé un chargeur vidé de ses cartouches", a relevé cette source. "On ne connaît pas l'identité des assaillants mais ils sont venus à moto à travers la brousse et ont attendu l'arrivée des touristes. Le véhicule emprunté par les touristes appartient à l'ONG Acted."
Les deux véhicules des touristes ont été brûlés dans l'attaque par les hommes armés, a précisé Moussa Kaka, le correspondant de RFI.
Il s'agit de la première attaque qui vise des touristes occidentaux dans cette zone, depuis qu'elle est devenue une attraction touristique il y a une vingtaine d'années, quand un petit troupeau de girafes peralta, une espèce qui a disparu du reste de la planète, fuyant braconniers et prédateurs, y avait trouvé un havre de paix.
La région de Tillabéri est une vaste zone instable. Elle est située dans la zone de "trois frontières" entre Niger, Burkina Faso et Mali, devenue un repaire des jihadistes sahéliens, dont le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS).
Avec AFP et Reuters