Le général Rondot affronte la défense de Villepin dans le procès Clearstream. Il affirme que le nom de Sarkozy a été évoqué en présence de l'ex-Premier ministre dès janvier 2004, contrairement à ce que celui-ci a toujours déclaré.
Le procès Clearstream arrive à un tournant, ce lundi, avec l’audition de l'un des témoins-clés de l’affaire, le général Rondot. Les désormais célèbres carnets du militaire constituent un élément à charge contre l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, soupçonné d’avoir participé à une machination contre Nicolas Sarkozy.
Le général Rondot a affirmé ce lundi que le nom de Nicolas Sarkozy avait été cité en présence de Dominique de Villepin dès janvier 2004. Cette déclaration vient en contradiction avec les affirmations de l’ancien Premier ministre. "Effectivement, le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns ou par les autres. Effectivement, Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé sur un certain Bocsa, le liant à Nicolas Sarkozy. Je le note sans comprendre", a déclaré ce lundi le général Rondot.
Autre élément de témoignage qui contredit les déclarations de Dominique de Villepin : le général Philippe Rondot affirme que l’ancien Premier ministre lui avait demandé d'intervenir pour faire libérer Imad Lahoud, emprisonné en mars 2004 pour son implication dans une autre affaire. Or, depuis le début du procès, Villepin conteste cette version des faits et affirme ne pas connaître le mathématicien en question...
Un brillant espion
Enfin, une note du carnet secret du général empoisonne la défense de l’ancien Premier ministre : celle du 19 juillet 2004, quand le général lui fait dire : "Si nous apparaissons le PR (président de la République, ndlr) et moi, nous sautons." Mercredi dernier, lors de son audition, Dominique de Villepin a affirmé que la citation rapportée n’était pas de lui mais de Nicolas Sarkozy.
Le témoignage du général, qui fête ses 73 ans ce lundi, pourrait ainsi s’avérer être l’un des plus embarrassants pour l’ancien Premier ministre, qui n’a eu de cesse de minimiser la portée des écrits de son ancien collègue.
A l'époque des faits, en 2003-2004, le général Rondot était un conseiller du ministre de la Défense pour le renseignement et les opérations spéciales. C’est à ce titre qu’il a été chargé d’enquêter sur les listings Clearstream pour le compte du ministère de la Défense, mais aussi pour celui de Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur. Brillant espion s’étant illustré dans plusieurs missions au Moyen-Orient, il a consigné l’ensemble de ses investigations dans ses carnets, retrouvés lors d’une perquisition à son domicile de Meudon, en région parisienne.
L’audition du général devrait également aider les juges à distinguer le vrai du faux dans les versions contradictoires défendues depuis le début du procès par deux autres prévenus, l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, et le mathématicien Imad Lahoud.