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Sommet européen : marchandages et résistances autour du plan de relance

D'intenses négociations ont commencé entre les 27 dirigeants de l'Union européenne pour tenter de dégager un compromis sur un plan de relance massif de 750 milliards d'euros, objet de résistances, en particulier de la part des pays dits "frugaux". Les discussions se poursuivent ce samedi. 

Après une première journée de discussions à Bruxelles, les 27 poursuivent leurs négociations à Bruxelles, samedi 18 juillet, pour tenter de relancer, ensemble, l'économie de l'UE après la crise du Covid-19. Une nouvelle proposition sur un plan massif a été soumise samedi, donnant des gages aux pays dits "frugaux", qui bloquent tout compromis, Pays-Bas en tête.

La nouvelle proposition du président du Conseil européen Charles Michel a été présentée lors d'une réunion entre la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et les Premiers ministres néerlandais Mark Rutte, espagnol Pedro Sanchez et italien Giuseppe Conte, en présence de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.

Le nouveau projet prévoit toujours un plan de 750 milliards d'euros, composé de 300 milliards de prêts et 450 milliards de subventions - qui n'auront pas à être remboursés par les bénéficiaires - contre 250 milliards de prêts et 500 milliards de subventions initialement. Les "frugaux" préfèrent nettement les subventions aux prêts. Mais selon une source européenne, cette proposition n'a toujours pas donné satisfaction aux quatre pays en question (Pays-Bas, Suède, Autriche, Danemark), ni à la Finlande.     

Convaincre Mark Rutte 

Vendredi déjà, les négociations se sont heurtées vendredi à l'inflexibilité de ces Etats adeptes de l'orthodoxie budgétaire, Pays-Bas et Autriche en tête, qui veulent réduire l'enveloppe des subventions.  Les dirigeants européens ont concentré une partie de leur attention sur le leader des "frugaux", le Néerlandais Mark Rutte, l'homme à convaincre pour parvenir à un accord sur le plan de relance pour sortir d'une récession historique.

Si un diplomate a promis qu'ils essaieraient "de reprendre les choses différemment pour sauver le sommet", les discussions s'annoncent longues et difficiles, l'unanimité des États membres étant requise. Le sommet, prévu sur deux jours, pourrait donc se prolonger jusqu'à dimanche.

Pour la France, 35 milliards d’euros sont en jeu. Pour une Europe plus verte, solidaire et souveraine, pour les emplois, je vais tout faire pour convaincre nos partenaires. https://t.co/Fs6UTbh9Aw

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 17, 2020

"Moins de 50 % de chance de parvenir à un accord"

Selon une source diplomatique, les discussions ont commencé vendredi par trois sujets particulièrement cruciaux pour la suite du sommet : le montant global du plan, la façon dont seraient contrôlées les réformes entreprises par les principaux bénéficiaires des aides – essentiellement les pays du Sud –, et la question des "rabais" dans les contributions accordés aux États qui versent davantage d'argent au budget de l'UE qu'ils n'en reçoivent.

Les pays "frugaux", Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède, réclament des ristournes plus élevées. Leur chef de file, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, est arrivé à Bruxelles en estimant "à moins de 50 %" les chances d'un accord. Considéré comme partiellement responsable de l'échec d'un sommet en février consacré au budget de l'UE, c'est l'homme à convaincre. Il a eu un entretien en tête-à-tête avec Charles Michel avant le dîner.

Les "frugaux", rejoints par la Finlande, ont émis de nombreuses réserves sur le plan de soutien qui devrait profiter avant tout à l'Italie et l'Espagne. Ces deux pays, les plus affectés par la pandémie, sont aussi considérés comme les plus laxistes en matière budgétaire par les États du Nord.

Respect de l'Etat de droit

Autre sujet délicat déjà abordé : le lien entre le versement d'argent et le respect de l'État de droit, pour la première fois inscrit dans un budget de l'UE. La Pologne et la Hongrie, qui font l'objet de procédures au sein de l'Union en raison d'atteintes à l'indépendance de la justice ou aux droits fondamentaux, freinent des quatre fers.

Avec AFP