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Affaire russe : Donald Trump commue la peine de prison de son ami Roger Stone

Donald Trump ne s'était jamais caché de sa volonté d'épargner la prison à son ami de longue date Roger Stone. Le président américain a commué, vendredi, la peine de son ex-conseiller, reconnu coupable de mensonges au Congrès et de subordination de témoins dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence russe.

Le président américain Donald Trump a décidé de commuer la peine de prison de son ami Roger Stone. Il avait été condamné en février à 40 mois de prison, dans le cadre de l'enquête sur l'ingérence russe pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, a indiqué, vendredi 10 juillet, la Maison Blanche.  

La peine de prison de Roger Stone, qui avait été reconnu coupable en novembre de mensonges au Congrès et de subordination de témoins, devait commencer la semaine prochaine. 

"Aujourd'hui, le président Donald Trump a ordonné une mesure de clémence exécutive pour commuer la peine injuste de Roger Stone", est-il écrit dans le communiqué publié par la présidence américaine, ajoutant que cet ami de longue date du président, une "victime du canular russe", était dorénavant "un homme libre". 

"Un abus de pouvoir"

Dès l'annonce de la condamnation, Donald Trump avait expliqué qu'il voulait gracier son ex-collaborateur de 67 ans, un conseiller politique sulfureux connu pour son style haut en couleur et son tatouage de Richard Nixon dans le dos. 

Par le biais de son avocat, qui a transmis sa déclaration à des médias, Roger Stone s'est dit "incroyablement honoré" de cet "acte de clémence" présidentiel. 

Un "abus de pouvoir" pour les parlementaires démocrates Jerry Nadler et Carolyn Maloney. "Aucun autre président n'a usé de son droit de clémence pour une raison aussi clairement personnelle et intéressée", ont réagi les présidents des commissions judiciaire et de supervision de la Chambre des représentants. 

Roger Stone, qui se décrit lui-même comme "un habitué des coups fourrés", a été reconnu coupable d'avoir menti au Congrès sur ses contacts avec l'organisation WikiLeaks au sujet d'e-mails démocrates piratés lors de la campagne de 2016. Les procureurs avaient démontré qu'il avait menti et intimidé des témoins pour protéger Donald Trump de l'embarras. 

Pressions judiciaires 

Le milliardaire new-yorkais était notamment intervenu pendant la procédure judiciaire, en critiquant, dans des tweets, les recommandations initiales des procureurs chargés d'instruire cette affaire.  

Accusé de bafouer le principe de la séparation des pouvoirs et de faire pression sur ces procureurs, il avait expliqué que ses actions n'avaient rien de répréhensible, dénonçant une "situation très injuste" et une "erreur judiciaire". 

Les procureurs en charge du dossier s'étaient récusés, et la recommandation de peine du ministère de la Justice était passée d'une durée comprise entre 7 et 9 ans à une sentence comprise entre 3 et 4 ans, finalement suivie par la juge fédérale, qui avait condamné Roger Stone à 40 mois de prison. 

Donald Trump avait salué son ministre de la Justice Bill Barr pour son intervention, le félicitant "d'avoir pris en charge une affaire qui était totalement hors de contrôle". 

Mais ce dernier, plongé dans l'embarras car censé garantir l'indépendance et l'impartialité de la justice fédérale américaine, avait nié que ces commentaires aient eu un impact sur la décision de ses services.  

Le président américain a déjà été accusé d'entrave à la justice, dans le cadre de l'enquête russe, notamment en limogeant au début de son mandat le directeur du FBI James Comey, qui enquêtait sur les ingérences étrangères dans l'élection de 2016.  

Roger Stone est parmi les six membres de l'entourage, plus ou moins proche, du milliardaire new-yorkais à avoir été inculpés ou condamnés dans le sillage de l'enquête russe.  

Avec AFP