Mécontents de la gestion de la crise sanitaire par les autorités, des milliers de Serbes ont manifesté dans le calme jeudi à Belgrade, après deux nuits de violences et de heurts avec la police.
Le mouvement de colère se poursuit en Serbie. Des milliers de manifestants mécontents de la gestion par les autorités de la crise du coronavirus ont manifesté dans la soirée du 9 juillet à Belgrade, après deux nuits de violences et de heurts avec la police.
Auparavant, le président serbe Aleksandar Vucic, en route pour Paris où il a rencontré en soirée Emmanuel Macron, avait accusé "des hooligans criminels" d'être responsables de ces violences. "Je vous ai promis que nous saurions protéger la paix et la stabilité, en dépit des attaques violentes de hooligans criminels qui nous choquent tous", avait-t-il déclaré dans l'avion l'emmenant à Paris.
L'énorme majorité des manifestants ont protesté jeudi soir assis sur la place devant le Parlement. Certains portaient des pancartes. "Restez assis" et "Vucic plus dangereux que le Covid-19", pouvaient on lire sur celles-ci.
Colère après l'instauration d'un couvre-feu
Un petit groupe de jeunes hommes, de mouvances d'extrême droite, selon les médias sur place, ont tenté à plusieurs reprises de provoquer des incidents avec la police, sans succès. Ils ont en fin de compte été chassés par les manifestants pacifiques.
Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur a précisé dans un communiqué : "Comme tous les citoyens peuvent le constater, lorsque personne n'attaque la police (...) celle-ci n'a aucune raison d'intervenir".
Dans la nuit de mercredi à jeudi, il avait dénoncé une "violence à l'état pur" et fait état de 10 policiers blessés la veille. Des sources médicales, citées par la chaîne de télévision N1, ont pour leur part fait état de 19 policiers et 17 manifestants blessés.
Les manifestations, qui ont débuté mardi, ont éclaté après l'annonce par le président de la réintroduction d'un confinement total durant le weekend afin de lutter contre une résurgence de la pandémie.
Le gouvernement a officiellement annoncé jeudi qu'il abandonnait l'idée du confinement, remplacé par d'autres restrictions : interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes - ce qui revient à interdire les manifestations -, horaires allégés pour les bars, magasins et autres commerces à Belgrade.
La Serbie compte plus de 17 000 cas de personnes infectées par le Covid-19 et au moins 340 personnes sont décédées, selon les chiffres officiels.
Des citoyens et journalistes battus par la police
La grogne a gagné jeudi plusieurs villes de Serbie : Novi Sad au nord du pays, Nis au sud, Kragujevac au centre, ainsi que Cacak au sud-ouest et Bor à l'est. Les manifestants reprochent aux autorités d'avoir favorisé une deuxième vague de l'épidémie en levant rapidement le confinement pour pouvoir organiser les élections du 21 juin largement remportées par le SNS.
Mardi et mercredi, les manifestations ont donné lieu à des débordements. Des citoyens ont été battus par la police, mais aussi des journalistes, comme un journaliste de l'agence Beta passé à tabac par la police alors qu'il s'était identifié comme appartenant à la presse.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) s'est déclarée "extrêmement préoccupée par les violences contres les journalistes pendant les manifestations", dans un communiqué, ajoutant "qu'au moins 14 attaques contre les journalistes ont eu lieu".
Aleksandar Vucic a estimé, avant son départ à Paris, que les violences portaient préjudice à l'image de marque de la Serbie, au moment où doivent reprendre les négociations sur la normalisation de ses relations avec le Kosovo, son ex-province à majorité albanaise qui a proclamé son indépendance en 2008.
Avec AFP