Des centaines de milliers de personnes, selon les organisateurs, ont envahi, samedi, les rues de Rome pour dénoncer l'empire médiatique du président du Conseil Silvio Berlusconi et ses constantes attaques contre les journalistes.
AFP - Plus de 100.000 manifestants se sont rassemblés samedi à Rome à l'appel de la Fédération de la presse et de la gauche italienne pour "défendre la liberté de la presse" et fustiger l'empire médiatique de Silvio Berlusconi, a constaté un journaliste de l'AFP.
"C'est la plus grande manifestation jamais organisée pour la liberté d'informer" en Italie, a déclaré le dirigeant de la fédération de la presse du syndicat CGIL, Fulvio Fammoni, devant une foule compacte rassemblée sur l'immense Piazza del Popolo, au coeur de la capitale italienne.
Les organisateurs affirment avoir rassemblé 350.000 manifestants, tandis que la préfecture de la capitale évalue leur nombre à 60.000, compte tenu de la taille de la place.
La Fédération nationale de la presse, qui regroupe les syndicats de journalistes, la CGIL, plus important syndicat italien, le Parti démocratique (PD), ainsi qu'une myriade d'organisations et associations de gauche avaient appelé à ce rassemblement.
Sous des ballons géants aux couleurs de l'Italie, les manifestants se pressaient avec des pancartes "Berlusconi nuit à la santé", ou "Nous sommes tous des canailles", terme par lequel Silvio Berlusconi a désigné certains journalistes de la chaîne publique de télévision RAI.
Les noms des animateurs d'Annozero, une émission de la télévision publique vilipendée par le gouvernement qui l'accuse de "traîner le président du Conseil dans la boue", ont été ovationnés.
De même que celui du directeur de la Repubblica, Ezio Mauro, assigné en justice par le chef du gouvernement pour publier depuis des mois les dix mêmes questions sur une relation présumée de M. Berlusconi avec une mineure.
"Nous demandons au président du Conseil de cesser la campagne d'accusation contre les journalistes et de dire la vérité, de retirer les plaintes qu'il a déposées contre les journalistes", a déclaré le secrétaire de la Fédération de la presse, Franco Siddi, sur un podium barré du slogan "Le droit de savoir, le devoir d'informer".
Les manifestants, parmi lesquels figuraient la comédienne Stefania Sandrelli et les frères Taviani, protestaient également contre "les conflits d'intérêt" dans les médias, visant M. Berlusconi qui contrôle de facto les télévisions publiques et détient trois chaînes privées.
"Ce qui arrive démontre une vérité ancienne: la vérité et le pouvoir ne coïncident jamais", a dit l'écrivain Roberto Saviano, auteur de "Gomorra", un roman qui dénonce les mafias du sud de l'Italie.
Silvio Berlusconi a qualifié la manifestation de samedi de "farce absolue", estimant que "la liberté est beaucoup plus grande en Italie que dans n'importe quel autre pays occidental".
Il répondait indirectement à l'organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières, qui avait annoncé vendredi que M. Berlusconi était "en passe de figurer dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse", ce qui serait "une première pour un chef de gouvernement européen".
Plusieurs responsables du parti de M. Berlusconi, le Parti du peuple pour la liberté, se sont insurgés contre la manifestation romaine --accompagnée de rassemblements similaires dans plusieurs villes italiennes--, estimant qu'il s'agissait "d'une initiative claire contre Berlusconi et le gouvernement".