Maria Ressa, rédactrice en chef du site d’information Rappler aux Philippines, risque six années d’emprisonnement après avoir été reconnue coupable de "cyberdiffamation" à l’encontre du pouvoir philippin. Dans cet entretien à France 24, elle affirme que l’affaire la visant est une manœuvre du régime du Rodrigo Duterte visant à faire taire les médias dénonçant les violations des droits de l’Homme et la dérive du pays vers l’autoritarisme.
Ex-chef de bureau de CNN aux Philippines et ex-directrice de l'information de la chaîne de télévision ABS-CBN, Maria Ressa a publié en 2012 en tant rédactrice en chef du site Rappler une enquête portant sur les connexions supposées du président de la Cour suprême d'alors avec un homme d'affaires.
La justice philippine l'a reconnue coupable de "cyberdiffamation" le 15 juin dernier.
Malgré les entraves de plus en plus nombreuses à la liberté de la presse dans son pays, Maria Ressa, également poursuivie dans le cadre de sept autres affaires, se dit "confiante" que l'appel qu'elle a formulé sera entendu.
S'empêchant de qualifier Rodrigo Duterte de dictateur, elle l'accuse d'être une menace pour la démocratie et l'État de droit.
Sa réponse à la crise du Covid-19 a été, selon elle, insuffisante, étouffant les voix des scientifiques au profit de celles des membres du gouvernement.
Comme preuve supplémentaire de la dérive autoritaire de Rodrigo Duterte, elle cite l'adoption le 3 juin dernier d'une nouvelle loi antiterroriste représentant, selon elle, une menace aux droits de l'Homme dans son pays dans la mesure où le texte accorde de nouveaux pouvoirs à l'État pour arrêter et poursuivre les militants. Elle espère que les rappels à l'ordre des Nations unies contribueront à mettre la pression sur le gouvernement philippin et le faire changer d'avis.