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Le chef de l'opposition du Malawi, Lazarus Chakwera, a été proclamé vainqueur samedi de l'élection présidentielle face au chef de l'État sortant, Peter Mutharika, qui a contesté les résultats avant même leur publication. Lazarus Chakwera a prêté serment dès dimanche.

Le chef de l'opposition malawite Lazarus Chakwera, proclamé samedi vainqueur de l'élection présidentielle face au sortant Peter Mutharika, a prêté serment dimanche 28 juin lors d'une cérémonie officielle.

"Je jure solennellement de remplir les fonctions de président de la République du Malawi et de préserver et défendre la Constitution", a-t-il déclaré lors de cette cérémonie à Lilongwe, la capitale de ce petit pays d'Afrique australe.

La Commission électorale du Malawi (MEC) avait annoncé la veille qu'il avait remporté le scrutin présidentiel disputé mardi face au sortant Peter Mutharika, dont la réélection en 2019 avait été annulée pour fraudes. Ce dernier a dénoncé des irrégularités avant même les résultats.

Au terme de quatre longues journées de dépouillement, le président de la MEC, Chifundo Kachale, avait confirmé la veille la large victoire de Lazarus Chakwera, un ancien pasteur évangéliste de 65 ans, avec 58,57 % des suffrages. Il devance Peter Mutharika, 79 ans, de plus de 800 000 voix.

"Je suis si heureux, je pourrais danser toute la nuit", avait immédiatement réagi Lazarus Chakwera devant la presse. "Mon cœur bouillonne de joie et de gratitude pour le Seigneur." "C'est une victoire pour les Malawites, une victoire pour la démocratie, une victoire pour la justice", a poursuivi le président élu, qui a fait campagne en dénonçant l'échec économique et la corruption du régime. "C'est une victoire qui va permettre de remettre la nation sur les rails, de construire un nouveau Malawi dans lequel tous seront impliqués", a-t-il promis.

Un scrutin contesté

Le président sortant Peter Mutharika, 79 ans, a lourdement mordu la poussière, avec plus de 800 000 voix de retard sur le vainqueur.

Quelques heures plus tôt, sans attendre la confirmation de sa défaite, le président sortant a jeté le trouble en dénonçant des irrégularités dans le scrutin. "Nous espérions une élection sans irrégularités (...) tous les Malawites ont vu que cette élection était la pire de l'histoire", a-t-il déclaré lors d'une brève déclaration devant la presse. "Nous pensons que la plupart des résultats envoyés à la MEC ne sont pas le reflet de la volonté du peuple", a-t-il ajouté.

Le chef de l'État sortant a affirmé que des scrutateurs de son parti avaient été "battus, frappés, kidnappés et intimidés de façon à ne pas pouvoir participer au contrôle du vote". "De nombreuses feuilles d'émargement n'ont pas leurs signatures", a-t-il déploré.

Son Parti démocratique progressiste (DPP) a exigé l'annulation pure et simple des résultats, laissant augurer d'une nouvelle bataille devant la justice. Lors du scrutin disputé de mai 2019, la MEC avait proclamé la victoire de Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, avec 38,57 % des suffrages contre 35,41 % à Lazarus Chakwera.

Mais le chef de l'opposition avait contesté les résultats et ses partisans étaient descendus dans la rue pendant plusieurs mois pour obtenir l'annulation du scrutin. Leurs manifestations avaient été le théâtre de fréquentes violences avec les forces de l'ordre. En février, la Cour constitutionnelle a finalement donné raison à l'opposition en invalidant les résultats pour cause "d'irrégularités généralisées et systématiques" et en ordonnant la tenue d'un nouveau scrutin.

Le Malawi est ainsi devenu le deuxième pays d'Afrique subsaharienne à avoir annulé une élection présidentielle, après le Kenya en 2017.

Au lendemain du scrutin de mardi, des ONG locales, qui avaient dépêché des observateurs dans tout le pays, ont dressé un premier bilan concluant que le "processus électoral s'est bien passé jusqu'à présent". La déclaration du président sortant, avant même la publication des résultats, a suscité de vives critiques au Malawi, notamment dans la société civile. 

Le Malawi est un des pays les plus démunis de la planète. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié de ses 17 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté.

Avec AFP