Les fortes averses qui s'abattent sur la Sicile, dans la région de Messine, et qui sont responsables de glissements de terrain, ont provoqué la mort d'au moins 20 personnes. Une trentaine d'autres sont portées disparues.
AFP - Au moins 20 personnes sont mortes et une trentaine ont été portées disparues après un glissement de terrain qui a plongé des maisons entières dans la boue dans l'est de la Sicile, suscitant la colère en Italie contre "l'incurie" et "les abus".
"Le bilan officiel est désormais de 20 morts, mais il y en a aura malheureusement d'autres", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la protection civile en Sicile, Giampierro Gliubizzi, confirmant que l'on était toujours sans nouvelles d'une trentaine de personnes.
Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, qui avait annoncé sa visite "probable" sur les lieux ce samedi, y a finalement renoncé "afin de ne pas gêner les secours et la recherche des disparus", a indiqué à l'AFP son porte-parole Marco Ventura.
Sur le terrain, les équipes de la protection civile et les pompiers, appuyés par quatre unités cynophiles et 200 volontaires, continuent de déblayer les décombres, a précisé M. Gliubizzi, tandis que des hélicoptères chargés de vivres portent secours aux survivants.
A Scaletta Zanclea, au sud de Messine, des maisons entières se sont écroulées et les bulldozers creusaient sous quatre à cinq mètres de boue, pendant que la pluie commençait à diminuer.
Les survivants, qui ne peuvent avoir accès aux décombres de leur maison, cherchaient à se débrouiller, totalement privés d'eau, a constaté un photographe de l'AFP, Mario Laporta.
De fortes averses dans la nuit de jeudi à vendredi ont provoqué des crues soudaines, éboulements et coulées de boue dont une sur 3,5 km, obstruant les voies de communication et emportant maisons et véhicules.
On a dénombré environ 80 blessés et 400 personnes ont dû être évacuées, dans des écoles ou des hôtels.
Au-delà de l'émotion suscitée face aux victimes "englouties dans la boue", la colère l'emportait samedi dans les commentaires en Italie.
Le président de la République Giorgio Napolitano a plaidé pour "un plan sérieux en faveur de la sécurité, plutôt que des constructions pharaoniques", une allusion au projet de pont enjambant le Détroit de Messine, d'un coût de 6,1 milliards d'euros, dont la construction est censée débuter l'an prochain.
"En Italie, on a construit n'importe où, sans respect des normes européennes", a dénoncé le président de l'Association italienne d'hydrotechnique, Massimo Veltri, cité par l'agence Ansa.
Pour lui, "un plan extraordinaire de sauvegarde et de gestion du territoire s'impose, car il n'est pas possible que la pluie, même intense, puisse faire en un temps minimum des dizaines de victimes".
Selon une enquête de la Protection civile et environnementale, 70% des communes italiennes sont soumises à un risque dans le domaine hydrotechnique. "Le territoire italien est rendu encore plus fragile par les abus, le déboisement des versants et l'urbanisation irrationnelle", dénonce cet institut.
"L'automne, il pleut. Parfois beaucoup. Si vous avez construit dans le lit d'un fleuve, il y a une forte probabilité que votre maison soit balayée par les alluvions", expliqué la Stampa, tandis que le Corriere della sera consacrait un dossier aux "désastres environnementaux provoqués par l'incurie et les abus".
Quant à la Repubblica (gauche), sous le titre "tragédie annoncée", elle rappelle que ce site avait été touché par un glissement de terrain similaire en octobre 2007 et en rediffuse les images sur son site. Avec ce commentaire : "deux ans après cet avertissement, rien n'a été fait".