Au plus fort de la pandémie de Covid-19, alors que le système hospitalier français fait face à une crise sanitaire inédite et que le personnel médical est épuisé, de nombreux soignants étrangers se portent volontaires pour soutenir leurs confrères français. Nos reporters sont allés à la rencontre de médecins syriens installés en France, engagés parfois au péril de leur vie, pour aider leur pays d’accueil et dont les compétences en médecine de guerre représentent un précieux atout.
En France, début mars, la région du Grand Est s’est retrouvée au cœur de la crise sanitaire. Dans les établissements hospitaliers de Mulhouse, Strasbourg, Metz-Thionville, en passant par ceux de Verdun et Bar-le-Duc, nos reporters ont suivi Hassan, urgentiste spécialiste de la médecine de guerre, Basma, gérontologue, Haytham, pédiatre, Mohammed, cardiologue, et Jubran, chirurgien vasculaire. Ces médecins syriens, qui ont souvent connu la guerre dans leur pays et ont trouvé refuge en France, se sont retrouvés en première ligne face à la pandémie.
Dans les hôpitaux surchargés de patients atteints du Covid-19 avec des services de réanimation débordés, ils ont brillé par leur sang-froid et leur capacité à s'adapter rapidement à une situation d'urgence absolue.
Et pour cause. Lorsqu’il était en Syrie, Jubran a soigné les blessés sous les bombes. Quand l'hôpital où il travaillait, à Maarat al-Numan, a été bombardé, il y a perdu sept collègues. De son côté, Basma a vu son hôpital détruit par le régime dans la banlieue de Damas, la capitale. Réfugiés en France, où ils exercent désormais, ces médecins ont bien souvent été replongés, malgré eux, dans ces souvenirs douloureux, lorsque le Covid-19 a déferlé dans leur hôpital.
La guerre en Syrie, c’est elle qui les a poussés à l'exil. Qui maintient les parents de Jubran dans un camp de réfugiés de la région d'Idleb. Sur le front dans l’Hexagone, ces médecins restent engagés en parallèle pour aider leur pays. Hassan a fondé l’ONG SOS Syrie, qui apporte de l'aide et du matériel médical dans les camps de réfugiés. Quant à Mohammed et Jubran, qui est membre de l'Union des organisations et soins médicaux (UOSSM), ils font du soutien médical à distance et, grâce aux réseaux sociaux, tentent de faire de la prévention contre le Covid-19. Tous gardent l’espoir qu'un jour la Syrie retrouve la paix, afin qu’ils puissent retourner exercer dans les hôpitaux de leur pays.