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Le parquet de Bergame, dans le nord de l'Italie, va entendre le chef du gouvernement Giuseppe Conte dans le cadre d'une enquête sur le gestion de la pandémie de coronavirus qui a fait plus de 34 000 morts dans la péninsule.
Giuseppe Conte va être entendu par la justice. Selon les agences de presse italiennes, le parquet de Bergame (nord de l'Italie) va entendre le chef du gouvernement dans le cadre d'une enquête sur la gestion de l'épidémie de Covid-19. L'Italie demeure le pays européen le plus touché par la pandémie qui y a fait plus de 34 000 morts.
Les magistrats, qui pourraient se rendre à Rome pour entendre Giuseppe Conte, souhaitent aussi écouter les témoignages des ministres de la Santé, Roberto Speranza, et de l'Intérieur, Luciana Lamorgese, ont ajouté ces mêmes agences.
Selon les sites internet de deux quotidiens italiens, Corriere della Sera et Il Sole-24 Ore, les interrogatoires pourraient commencer dès mercredi dans la capitale italienne.
Dans une rapide déclaration à la presse mercredi soir, Giuseppe Conte a fait savoir que cette audition aurait lieu vendredi.
"Les choses que j'ai à dire au procureur, je les dirai au procureur, je ne veux pas anticiper. Je ferai consciencieusement état de tous les faits dont j'ai connaissance. Je ne suis pas du tout inquiet", a assuré le Premier ministre. "Toutes les enquêtes sont les bienvenues. Les citoyens ont le droit de savoir et nous avons le droit de répondre".
Dichiarazioni alla stampa del Presidente @GiuseppeConteIT
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Retard dans l'instauration d'une "zone rouge"
Le parquet de Bergame, ville martyre de la région de Lombardie et épicentre de la pandémie qui a frappé l'Italie de début février à mai, mène plusieurs enquêtes distinctes liées à cette tragédie.
Celle dans laquelle les magistrats souhaitent entendre Giuseppe Conte, et ses deux ministres, concerne les retards dans l'instauration d'une "zone rouge" comprenant deux communes de ce département, Nembro et Alzano Lombardo, particulièrement touchées par le coronavirus.
Le gouvernement central et les dirigeants de la Lombardie se rejettent la responsabilité de ce retard, qui a eu un impact dramatique avec la saturation du système sanitaire, la hausse de la mortalité et la progression du nouveau coronavirus dans cette région.
Mancata zona rossa ad Alzano e Nembro, la Procura interrogherà Conte, Lamorgese e Speranza https://t.co/MxtBX0cAoE
— Corriere della Sera (@Corriere) June 10, 2020Responsabilité du gouvernement central ou de la région ?
Entendus fin mai devant le parquet de Bergame, le président de la Lombardie, Attilio Fontana, et son responsable régional de la Santé, Giulio Gallera, avaient affirmé que la décision d'établir la "zone rouge" revenait au gouvernement à Rome.
Ce à quoi le ministre des Affaires régionales, Francesco Boccia, avait à l'époque rétorqué que "même la région aurait pu l'instaurer, il existe une loi le permettant".
Toute la question porte donc sur qui, du gouvernement central ou de la Lombardie, aurait dû, entre le 3 et le 9 mars, mettre en place cette "zone rouge".
Cette enquête est distincte du recours collectif introduit mercredi matin, également à Bergame. Une cinquantaine de plaintes ont été déposées auprès du parquet local par des proches de victimes du Covid-19.
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Les premières "zones rouges" en Italie ont été établies fin février sur décision du gouvernement à Rome et ont concerné une dizaine de municipalités en Lombardie, notamment Codogno, la ville du "patient numéro un".
"Ceux qui ont fait des erreurs doivent payer"
Début mars, l'épidémie a continué de se propager, avec deux foyers plus importants, dans les deux communes de Nembro et d'Alzano, dans le département de Bergame.
Le Comité technique et scientifique (CTS), qui conseille le gouvernement de Giuseppe Conte, avait alors proposé d'y imposer une "zone rouge", jugeant que la situation "s'aggravait dans toute la Lombardie", tandis que l'Institut supérieur de la santé (ISS) préconisait à son tour le lendemain la même mesure dans ces deux communes.
Selon le Corriere, le chef du gouvernement a une nouvelle fois rencontré ces experts le 6 mars, pour finalement choisir de proclamer le pays entier en "zone rouge", par un décret signé le 7 mars et entré en vigueur le surlendemain, perdant ainsi un temps précieux pour contenir la pandémie.
"Après tant de mensonges et d'attaques honteuses, justice est faite : ceux qui ont commis des erreurs doivent payer", s'est félicité mercredi Matteo Salvini, le chef de la Ligue (extrême droite), à laquelle appartient le président de la Lombardie, lui-même sévèrement critiqué pour sa gestion de la crise.
Avec AFP