
Les électeurs béninois se sont rendus aux urnes, dimanche, pour élire leurs conseillers municipaux. Un scrutin sans grand entrain en raison des risques de contagion du Covid-19 et les appels au boycott de l'opposition.
Au Bénin, les électeurs se sont rendus sans grand entrain aux urnes, dimanche 17 mai, pour élire leurs conseillers municipaux. Un scrutin terni par les risques de contagion au coronavirus et les appels au boycott de plusieurs partis d'opposition.
"Pas d'incident majeur à la mi-journée", a relevé la plateforme des organisations de la société civile lors d'un point-presse. Une tendance qui semble s'être confirmée tout au long de la journée sur l'ensemble du territoire.
Le taux de participation reste toutefois moyen, ont noté plusieurs observateurs après dépouillement des bulletins dans plusieurs bureaux de vote. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant une semaine.
Dans les bastions de l'opposition, notamment de l'ex-président Boni Yayi – Tchaourou ou le quartier Cadjehoun de Cotonou –, la participation ne dépassait pas les 10 %, a constaté l'AFP.
Distribution de gel hydroalcoolique et de masques
Les électeurs ne se sont pas déplacés massivement aux urnes, notamment à cause des risques de propagation du Covid-19.
Des mesures spéciales de protection des électeurs avaient pourtant été prises par la Commission électorale nationale autonome (Cena), notamment la distribution de gel hydroalcoolique et de masques.
Le président béninois, Patrice Talon, est allé voter en compagnie de son épouse, tous deux masqués, à Cotonou, capitale économique où ont été recensés la majorité des 339 cas officiellement déclarés de coronavirus dans le pays.
Les mesures de sécurité n'ont pas réussi à rassurer les électeurs, qui sortaient "au compte-gouttes", observait Dimitri Assani, un agent électoral en poste dans le cinquième arrondissement de la ville.
"Élections à marche forcée"
Par ailleurs, seuls quatre partis d'opposition mineurs ont pu présenter des listes électorales, et de nombreuses voix ont dénoncé des "élections à marche forcée".
L'ancien chef de l'État Boni Yayi s'est récemment retiré de la présidence de son parti, accusant son successeur à la tête du pays de préparer un "parti unique à sa solde".
"Patrice Talon croit avoir mis la République sous coupe réglée", a quant à lui dénoncé Joseph Tamegnon, l'un des leaders de l'opposition, dans une déclaration commune des "personnalités politiques de la Résistance".
"Nous vous invitons à rester chez vous, et à ne prendre aucun risque en sortant ce jour de parodie", a-t-il déclaré en amont du vote.
"Le glas du pluralisme politique"
En 2019, les élections législatives, auxquelles aucun parti d'opposition n'avait pu se présenter, avaient marqué un tournant dans la vie démocratique béninoise par sa très faible participation (25 %) et par la grave crise politique qui avait suivi.
Des milliers de personnes, notamment des supporters de Boni Yayi, étaient descendues dans les rues, avant d'être dispersées à balles réelles. Patrice Talon avait alors été accusé d'autoritarisme dans un pays souvent vanté comme étant un exemple de démocratie dans la région.
"Les élections municipales sonnent définitivement le glas du pluralisme politique au Bénin, et donc de la démocratie", ont réagi de leur côté les avocats de Sébastien Ajavon, qui vit actuellement en exil, comme de nombreux leaders de l'opposition béninoise.
"Elles empêcheront définitivement notre client et les autres candidats d'opposition sérieux de se présenter aux élections présidentielles", dénoncent Mes Julien et Marc Bensimhon, rappelant que selon le nouveau code électoral, les prochains candidats à la présidentielle prévue en avril 2021 doivent être parrainés par des députés et des maires. "Aucun d'eux ne parrainera Sébastien Ajavon ou un autre opposant politique sérieux", ajoutent les avocats dans une lettre envoyée à l'AFP.
Avec AFP