Vingt-cinq personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi pour "suspicion de faits de terrorisme", mais douze d'entre elles ont trouvé la mort dans leur cellule, selon le procureur de Fada N'Gourma, dans l'est du Burkina Faso.
Douze personnes interpellées pour "suspicion de faits de terrorisme" ont été retrouvées mortes dans leurs cellules de détention au poste de gendarmerie de Tanwalbougou, dans l'est du Burkina Faso, a annoncé, mercredi 13 mai, le procureur de Fada N'Gourma.
"Vingt-cinq personnes ont été interpellées dans la nuit du 11 au 12 mai par les forces de défense et de sécurité à Tanwalbougou, pour suspicion de faits de terrorisme. Malheureusement douze d'entre elles ont trouvé la mort au cours de la même nuit dans les cellules où elles étaient détenues", a déclaré dans un communiqué le procureur Judicael Kadéba.
"Une enquête a été ouverte et des officiers de police judiciaire de la brigade de recherche de la gendarmerie de Fada N'Gourma se sont déplacés sur les lieux pour les constatations d'usage en la matière, en compagnie d'agents de santé", a-t-il précisé.
Selon des sources sécuritaires jointes par l'AFP, "seule l'enquête va déterminer la cause exacte de ce drame" mais la "piste d'une asphyxie sévère pourrait expliquer le décès de ces détenus" qui devaient être "transférés à Fada N'Gourma pour être auditionnés".
Des sources indépendantes ont indiqué à l'AFP ne pas "exclure des bavures", affirmant que la majorité des détenus étaient de l'ethnie peule, régulièrement accusée de complicité avec les groupes jihadistes.
Cette affaire évoque d'autres morts survenus cette fois dans les locaux de l'unité anti-drogue de la police nationale en juillet 2019 : onze personnes, soupçonnées de trafic de stupéfiants, avaient été retrouvées mortes dans une même cellule. Les responsables de l'unité avaient été relevés de leurs fonctions et une enquête ouverte.
Amalgame fréquent entre jihadistes et Peuls
Les forces de l'ordre du Burkina Faso ont été plusieurs fois depuis quelques mois accusées de bavures ou d'exactions notamment contre des populations peules.
Certains Peuls ayant rejoint les groupes jihadistes, qui ont tué plus de 850 personnes depuis 2015 dans le pays, il est fréquent d'entendre des Burkinabè faire l'amalgame entre jihadistes et Peuls.
Le 2 mai, un enseignant peul a été retrouvé mort dans les locaux de la gendarmerie de Nongr-Maasom, à Ouagadougou, selon le mouvement burkinabè des droits de l'Homme et du peuple (MBDHP). Soupçonné de complicité avec des groupes terroristes, il avait été interpellé le 23 avril à Absouya, dans la région du Plateau central, où il séjournait en famille, à la suite de la fermeture des établissements d'enseignement pour cause de pandémie de coronavirus.
Entre décembre et janvier, au moins quatre personnes, toutes d'ethnie peule, ont été "victimes de disparitions forcées" survenues à Ouagadougou, notamment par le fait de présumés éléments des forces de défense et de sécurité, toujours selon le MBDHP.
"Ces graves dérives traduisent malheureusement un mépris dangereux des garanties et protections reconnues à toute personne sous main de justice, notamment la présomption d'innocence, l'interdiction de la torture et des traitements inhumains et le respect de la dignité inhérente à la personne humaine", dénonçait le MBDHP.
L'armée burkinabè ainsi que des groupes d'autodéfense ont également été accusés de massacres de civils peuls dans le nord et l'est du pays, dans le sillage des violences jihadistes.
Avec AFP