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Terrorisme : l'homme accusé d'avoir blessé deux policiers à Colombes mis en examen et écroué

Selon le parquet national antiterroriste, l'automobiliste accusé d'avoir percuté et blessé deux policiers lundi à Colombes a été mis en examen et écroué vendredi. Ce Français ayant prêté allégeance au groupe État islamique dit assumer "totalement son acte". 

Accusé d'avoir fauché au volant d'une voiture trois policiers lundi à Colombes dans les Hauts-de-Seine, Youssef T. a été mis en examen et écroué vendredi 1er mai pour "tentative d'assassinats sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", a annoncé à l'AFP le parquet national antiterroriste.

Selon des sources concordantes, ce Français de 29 ans animé par une idéologie anti-occidentale et ayant fait allégeance au groupe État islamique assume "totalement son acte" qui a grièvement blessé deux policiers et qu'il aurait commis seul.

Après la fin de sa garde à vue et son défèrement au parquet vendredi matin, un juge d'instruction a mis en examen Youssef T. dans l'après-midi avant qu'il ne soit placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat).

Lundi, vers 17 heures, au volant d'une BMW, cet homme inconnu des services antiterroristes avait violemment heurté deux motards de la police nationale qui contrôlaient une voiture, les blessant grièvement aux jambes, et a atteint plus légèrement un policier municipal. Les deux motards ont dû être hospitalisés mais leurs jours ne sont pas en danger.

Une lettre d'allégeance à l'organisation État islamique ainsi qu'un couteau ont été retrouvés dans la voiture du suspect et le Pnat s'est saisi des faits mardi après qu'une expertise psychiatrique a écarté toute abolition ou altération de son discernement.

"Imposer la charia sur l'ensemble de la Terre"

Selon un communiqué de ce parquet, le suspect expliquait vouloir se lancer "à corps perdu dans la bataille pour imposer la charia sur l'ensemble de la Terre".

Selon une source proche de l'enquête, on retrouve dans "l'exploitation de ses supports numériques" saisis lors d'une perquisition "un intérêt pour [le groupe] État islamique ainsi que le terrorisme de manière générale."

Selon une autre source proche de l'enquête, "ce n'est pas un profil de déséquilibré" mais celui de quelqu'un de "très solitaire" qui "assume totalement son acte" et se considère comme un "guerrier" qui évite de cibler les "civils".

"Il est porté sur le discours anti-occidental depuis dix ou douze ans. Il suit les sujets géopolitiques. Ce n'est pas d'un grand niveau intellectuel mais il suit la situation en Palestine, au Sahel", a ajouté cette source.

"Pas fiché S"

"En l'état, il semble avoir agi seul", selon l'une de ces sources. L'enquête préliminaire avait aussi été ouverte pour "association de malfaiteurs terroriste", ce qui laissait entrevoir d'éventuels complices, mais ce chef d'accusation n'a pas été retenu pour l'instant dans l'information judiciaire.

Connu pour des "faits de droit commun anciens", Youssef T. avait fait l'objet d'un rappel à la loi pour outrage à agent en 2014, selon la procureure de Nanterre Catherine Denis, qui a mené les premières investigations avant la saisine du Pnat. 

L'homme n'était "pas fiché S" pour radicalisation, selon le parquet antiterroriste. Un homme "tranquille" et sans "problème", ont déclaré ses voisins à l'AFP.

Les investigations sont coordonnées par la brigade criminelle, avec le soutien de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Son avocat, Me Fares Aidel, "ne souhaite pas s'exprimer, (son) client réservant ses réponses à l'institution judiciaire", mais a qualifié d'"erronée" sa "prétendue volonté de se rendre en Syrie dans le passé" évoquée par une source proche de l'enquête et par certains médias.

Après la diffusion sur les réseaux sociaux de photos du suspect en garde à vue, le conseil de Youssef T. a par ailleurs indiqué à l'AFP avoir déposé plainte au parquet de Nanterre pour violation du secret de l'enquête, du droit à la présomption d'innocence et du droit au respect de la vie privée.

Avec AFP

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